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Ma tribune parue dans Le Huffington Post : « Reconquérir les quartiers populaires : pour une gauche combative et rassemblée. »

Publié le mercredi 2 avril 2014

Unknown

Au lendemain d’une sévère défaite électorale pour les socialistes et pour toute la gauche, le réveil est difficile dans certaines terres historiquement ancrées à gauche.

En Seine-Saint-Denis comme ailleurs, une des causes évidente de cet échec de la gauche est l’utilisation des élections municipales pour adresser un message au président de la République et au gouvernement. Dans un département qui a voté à 65,32% pour François Hollande, les impatiences, les déceptions et parfois la colère se font sans doute sentir plus qu’ailleurs. Ces causes nationales appellent une réponse qui appartient au président de la République. On n’imagine pas qu’un changement de méthode et d’équipe ne s’accompagne pas d’un signal politique. Le pacte de responsabilité ne peut pas se passer d’un pacte de solidarité et de justice. C’est la première réponse attendue.

Mais on se tromperait en expliquant les revers locaux par la seule situation nationale. Ayons le courage d’analyser nos faiblesses sur le terrain. Trop longtemps la gauche a vécu dans l’idée d’une automaticité du vote favorable des quartiers populaires. Les résultats montrent que tel n’est plus le cas. Aujourd’hui, de nombreux habitants ne se reconnaissent plus dans les valeurs de gauche parce que nous avons cessé de les défendre suffisamment. Oui, le conservatisme sur les questions de société et l’individualisme comme modèle économique et social sont une tentation forte qui entre en résonnance avec les discours traditionnels de la droite.

C’est le rôle des partis de gauche, et du Parti socialiste le premier, que de partir à la reconquête de cet électorat populaire, en portant nos valeurs fondatrices de progrès social et d’égalité. Et en les mettant en œuvre au lieu de simplement les brandir à la veille d’élections que l’on espère gagner ou au lendemain de celles qu’on vient de perdre. Sans quoi nous risquons de connaître demain d’autres déconvenues. C’est notre devoir de nous tourner vers les nouvelles générations des quartiers populaires: comment s’étonner sinon du désintérêt croissant, voire de l’hostilité, vis-à-vis de la politique et d’élus locaux jusque-là plutôt épargnés? C’est un combat pour nos valeurs que nous devons accepter de reprendre, si nous voulons renouer avec les classes populaires et les classes moyennes dont la protection et la promotion sont les missions historiques de la gauche.

Pour y parvenir, je vois deux chantiers à engager d’urgence pour les prochains mois et les prochaines échéances.

D’abord, reprendre le combat idéologique sur une de nos promesses récurrente: le droit de vote des étrangers. Pas par électoralisme, car les résultats de dimanche dernier nous montrent que rien n’est jamais acquis. Mais par cohérence. Bien sûr, nous connaissons tous les obstacles institutionnels qui se dressent devant ce progrès démocratique: devons-nous pour autant céder à la tentation de mettre cette promesse sous le tapis, au prétexte d’une montée de l’extrême-droite? Au contraire, mener ce combat, quitte à le perdre, aura plusieurs mérites: en finir avec une défiance aggravée par cette promesse une nouvelle fois trahie, clarifier le débat politique et faire tomber les masques à droite!

Ensuite, construire un nouveau pacte de la gauche locale, car nos défaites qu’elles soient socialistes, écologistes ou communistes, ne profitent en définitive qu’à la droite et à l’extrême-droite. Au-delà d’une diversité qu’il ne s’agit pas de gommer, nous devons nous concentrer sur des sujets essentiels pour la vie de nos concitoyens, qui nous rassemblent et différencient nos projets locaux de ceux de la droite. C’est la seule voie pour redonner à nos concitoyens confiance en la gauche pour gérer les territoires.

Consulter ma tribune en ligne sur le site web du Huffington Post.