Séance d’installation du Conseil départemental le 2 avril 2015
Publié le jeudi 2 avril 2015
La séance d’installation du nouveau Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis s’est tenue aujourd’hui, jeudi 2 avril 2015. J’y ai été réélu à la tête de l’exécutif départemental.
Retrouvez ci-dessous les images de cette séance et le discours que j’ai prononcé suite à ma réélection.
» Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Cher Claude, qui me fait l’honneur et l’amitié d’être présent aujourd’hui,
Monsieur le Président du Conseil régional d’Ile-de-France, Cher Jean- Paul,
Mesdames, Messieurs les parlementaires, les maires, les conseillers régionaux,
Mesdames et Messieurs les conseillers départementaux,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Je veux d’abord remercier les élus des groupes socialistes, radicaux, gauche citoyenne, écologistes et communistes/Front de Gauche qui ont choisi de me renouveler leur confiance en me confiant la présidence du Conseil départemental pour cette nouvelle mandature. C’est pour moi évidemment un grand honneur et une grande responsabilité. Je veux vous assurés toutes et tous de mon engagement sans faille au service des habitants de la Seine-Saint-Denis.
Permettez-moi également de féliciter chacune et chacun des conseillers départementaux pour leur élection au sein de notre assemblée. Je suis heureux de retrouver certains élus qui y siégeaient lors de la précédente mandature, et je salue les nouvelles conseillères et les nouveaux conseillers départementaux qui sont nombreux dans cette assemblée renouvelée et paritaire : je pense que c’est une excellente nouvelle pour la vitalité de notre assemblée et la qualité du travail que nous pourrons accomplir pour les 6 prochaines années.
Un mot particulier pour mon ami Claude Bartolone qui par sa présence témoigne de son attachement indéfectible à la Seine-Saint-Denis. Nous avons mené tant de combats ensemble pour ce département et je souhaite lui dire, te dire, cher Claude, toute ma gratitude et ma volonté que nous poursuivions ensemble ces combats pour la Seine-Saint-Denis.
Je tiens aussi à saluer l’ensemble des agents du département, eux qui font vivre au quotidien le service public départemental. Je connais depuis longtemps la qualité de leur travail et surtout leur engagement sincère pour la Seine-Saint-Denis. Je suis heureux de pouvoir continuer à travailler avec eux dans les 6 prochaines années et leur assure de ma volonté de poursuivre la modernisation des services publics départementaux en veillant à améliorer toujours leurs conditions de travail dans le cadre d’un dialogue social que je veux approfondi et constructif.
Mes chers collègues, nous venons de vivre plusieurs semaines de campagne. C’est toujours un moment important pour faire vivre notre démocratie, c’est aussi toujours un moment précieux de rencontres avec les habitants de notre département, un moment d’échange.
Malheureusement et je crois que nous partageons tous ici cette analyse, trop peu d’habitants sont allés voter. Et la question nous est posée ici à toutes et à tous : comment renouer un lien de confiance entre les habitants de notre département, en particulier ceux des quartiers populaires, et la démocratie locale. Une des solutions, c’est bien sûr de la faire vivre au quotidien et pas seulement lors des élections. Je pense par exemple à la création de budgets participatifs ou à celle d’un « conseil des sages » composé de seniors du département. Je pense plus largement à l’organisation de consultation sur les projets du département, à l’évaluation de nos actions et de nos engagements par les citoyens eux-mêmes.
Il y a eu aussi un message de défiance, ce sont les scores trop élevés de l’extrême-droite, y compris dans notre département. Je me réjouis que cette extrême-droite n’ait pas réussi son pari d’entrer dans notre assemblée. Mais nous ne devons pas négliger ce signal car cela marque une urgence démocratique dans un climat délétère où certains n’hésitent pas, n’hésitent plus à stigmatiser, dénigrer l’autre dès lors qu’il est différent, l’étranger, le musulman, que sais-je encore…Je crois que chacun des élus républicains que nous sommes ici devrait être très clair et très ferme dans l’opposition à ce parti antirépublicain qui ne cesse derrière la façade ripolinée de distiller de la haine, de l’exclusion, de fausses solutions. Cette fermeté vis-à-vis de l’extrême droite doit être résolue et ça n’a pas toujours été le cas dans cette campagne dans notre département et je le regrette. On ne perd pas son âme quand on s’oppose clairement à l’extrême-droite en votant pour les candidats républicains, qu’ils soient de gauche ou de droite, bien au contraire.
La meilleure réponse que nous pouvons apporter à la tentation de l’extrême-droite qui se nourrit comme chaque fois dans l’histoire de notre pays des difficultés économiques et sociales, des doutes sur nous-mêmes, c’est précisément d’agir concrètement pour faire reculer les inégalités.
La campagne a été comme toujours un moment de compétition, de confrontation des idées, parfois âpre, parfois rude : c’est la démocratie. Ce temps est désormais derrière nous.
Le temps de l’élection, c’est aussi le temps du choix. Et les habitants de Seine-Saint-Denis ont choisi de renouveler leur confiance à la majorité de gauche. Ils ont choisi de renouveler leur confiance à la gauche rassemblée dans toutes ses composantes. Je crois qu’il y a la matière à tirer des enseignements pour les prochaines échéances et pour les politiques nationales.
Les citoyennes et les citoyens de Seine-Saint-Denis nous ont dit leurs attentes renforcées et leur impatience. Ils nous ont dit leur envie de voir leur quotidien s’améliorer sur des questions aussi essentielles que l’emploi, l’éducation, le logement, le pouvoir d’achat, le cadre de vie, l’environnement.
Je crois que cette majorité rassemblée sur ses valeurs, sur une méthode et sur projet est la mieux à même d’y répondre. Nous avons la volonté d’écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire de la Seine-Saint-Denis, sans nier nos débats et nos différences, mais en étant à la hauteur de l’urgence démocratique, sociale et environnementale du moment.
Je crois d’ailleurs cette exigence s’applique aussi à l’opposition républicaine dont j’espère qu’elle aura à cœur de jouer son rôle critique de manière constructive et en ayant à l’esprit, sur de nombreux dossiers, l’intérêt supérieur des habitants de la Seine-Saint-Denis.
C’est ce à quoi je veillerais tout au long de ce mandat.
Mes chers collègues, après le temps des élections, voici venu le temps de l’action.
Nous avons désormais devant nous 6 années pour faire reculer les inégalités et pour faire de la Seine-Saint-Denis le moteur du Grand Paris.
Notre objectif, notre ligne de conduite, c’est l’égalité. Car il n’est toujours pas supportable dans cette région la plus riche d’Europe de voir autant d’écarts en matière d’éducation, de santé, d’emploi, d’équipements…
Pour faire progresser l’égalité en Seine-Saint-Denis, avec la nouvelle majorité, j’ai souhaité fixer quelques grandes priorités au cours de ce mandat. Elles sont le fruit des propositions que nos différentes formations, le rassemblement des socialistes, des écologistes, des radicaux et mais aussi des communistes et du Front de gauche, ont défendues devant les électrices et les électeurs.
La première de ces priorités, c’est de concentrer nos efforts sur l’investissement pour à la fois répondre aux urgences et préparer l’avenir dans des secteurs déterminants pour le quotidien des habitants de Seine-Saint-Denis. Ma priorité, c’est l’investissement.
Investir dans l’éducation d’abord. C’est ce que nous avons fait notamment depuis 2008 avec Claude Bartolone, c’est ce que nous devons poursuivre car il serait irresponsable dans le département le plus jeune de France de relâcher nos efforts. C’est le sens du plan Ambition Collèges 2020 que nous mettrons en œuvre : 80 collèges rénovés et 10 nouveaux collèges, c’est une grand ambition pour offrir à tous les collégiens de Seine-Saint-Denis des conditions d’étude dignes et aussi bonnes que partout ailleurs. En matière d’éducation, nous avons le devoir d’agir vite et fort, nous ne pouvons pas nous permettre de prendre du retard. Nous devons aussi soutenir la capacité des familles à équiper les enfants : c’est pourquoi nous créerons une aide de rentrée de 200 euros pour les enfants entrant en 6ème afin qu’ils puissent s’équiper en fournitures scolaires et en matériel informatique.
Investir dans la petite enfance ensuite. Nous créerons 3500 places d’accueil supplémentaires et nous rénoverons les crèches et les PMI du département car les besoins sont toujours aussi importants. Je pense notamment à ces parents, et particulièrement aux femmes, pour qui avoir un mode de garde est absolument indispensable pour avoir ou pour garder une activité professionnelle.
Investir de nouveau également dans la culture et le sport, et c’est ce que nous ferons dans un premier temps avec le plan piscine. Je souhaite d’ailleurs que nos investissements soient les plus utiles et les plus justes possibles, c’est-à-dire que l’on investisse sur les domaines les plus cruciaux et dans les territoires les plus en difficulté.
Investir dans les transports bien sûr. La Seine-Saint-Denis est le territoire d’Ile-de-France qui va connaître le plus grands nombre de projets de transports dans les prochaines années. A la fois pour faciliter la vie quotidienne des habitants qui trop souvent galèrent ou sont contraints à la voiture, mais aussi pour développer notre territoire. Bien sûr avec le Grand Paris Express, pour lequel nous avons su nous rassemblés, au-delà des étiquettes politiques, pour défendre l’intérêt supérieur des habitants de la Seine-Saint-Denis. Mais aussi avec les tramways, je pense en particulier au T1 qui doit maintenant avancer en dépit de l’obstruction du maire de Noisy-le-Sec, car il est attendu par des dizaines de milliers d’habitants. Je pense au T4 à Clichy, au prolongement de la ligne 11, du T8 au sud, du TZEN 3… Chaque fois, le département défendra ces projets pour que les calendriers soient tenus et il apportera sa pierre à l’édifice. Demain, avec le Pass Navigo unique, c’est à la fois plus de transports et des transports moins chers. Je souhaite d’ailleurs confier une mission à des conseillers départementaux pour étudier, dans ce nouveau cadre tarifaire, les possibilités de diminuer aussi la participation des usagers de SSD pour les détenteurs de la carte Imagin’R et de la carte Améthyste.
Pour pouvoir assumer cet effort massif sur l’investissement, nous continuerons d’assurer une gestion saine et rigoureuse. Nous continuerons de ne pas alourdir la fiscalité qui pèse sur les habitants. Nous finirons d’assainir la dette pour la purger entièrement des emprunts toxiques. Mais nous continuerons aussi de demander à l’Etat de revoir le financement des allocations de solidarité qui pèsent trop lourdement et injustement sur le budget du département : il est indispensable que les progrès que nous avons obtenus depuis 2012 sur ces questions se poursuivent et s’amplifient. Il est indispensable également que les dotations aux collectivités ne subissent pas de baisse qui mettent en péril leur capacité à agir.
Car l’investissement des collectivités, c’est aussi un puissant moyen de relance de la machine économique et de l’emploi dans une période de crise.
La deuxième priorité, c’est la solidarité et l’emploi. Car nous devons jouer le rôle essentiel de bouclier social qu’assure le département, collectivité par excellence des solidarités, notamment pour les plus fragiles que ce soit les personnes privées d’emploi, les personnes âgées ou les personnes handicapées. Mais nous devons surtout permettre à chaque habitant de Seine-Saint-Denis de trouver par l’emploi les conditions de vie et de dignité auxquelles ils aspirent. Et pour cela, nous devons nous appuyer sur le formidable dynamisme économique de notre département mais en veillant chaque fois à faire bénéficier les habitants, et en particulier les jeunes, des emplois créés. C’est le sens des chartes Seine-Saint-Denis Egalité que nous avons développées depuis 2 ans, je souhaite qu’elles se multiplient. Nous devons aussi être en mesure de mettre en œuvre ici l’économie de demain en nous appuyant sur des secteurs d’avenir, que ce soit le numérique, l’aérien, les biotechnologies, mais aussi en nous appuyant sur une autre vision de la société et de l’économie. Nous aurons la chance d’accueillir dans quelques mois un événement de portée mondiale, la Conférence sur le Climat au Bourget : nous devons être capable de faire en Seine-Saint-Denis, dans un département urbain et populaire, la démonstration que la transition écologique, c’est à la fois un gage de mieux-vivre pour les habitants mais aussi une formidable source de développement économique : c’est là le cœur de la social-écologie que je souhaite défendre. De la même manière, je souhaite que nous soyons demain en pointe sur l’économie sociale et solidaire car il y a là un vrai gisement d’emplois pour aider certains de nos concitoyens à sortir du piège de l’inactivité et de la relégation sociale dans lequel ils sont enfermés. La Seine-Saint-Denis
La dernière de ces priorités, c’est de faire de la Seine-Saint-Denis un exemple dans la construction et l’invention de la ville du XXIème siècle. Autour des nombreuses gares qui arrivent, autour des axes structurant de notre département, je pense au canal de l’Ourcq, à la RN2, à la RN3, nous devons être capables dans les prochaines années de construire une ville intense et durable qui soit capable de répondre aux énormes besoins de logements mais avec des objectifs clairs et incontournables : mixité, protection de l’environnement et présence des équipements et des services publics. Je demande à l’Etat que les élus du département et les habitants soient étroitement associés à tous les grands projets de développement et notamment aux Opérations d’intérêt national de notre territoire. C’est crucial pour éviter de reproduire les erreurs du passé.
Mesdames et Messieurs,
La Seine-Saint-Denis souffre encore d’une image déformée par la loupe médiatique qui trop souvent ne veut regarder notre département que pour les difficultés qu’il connaît. Bien sûr ces difficultés sont souvent plus grandes qu’ailleurs : personne ici ne les ignore, nous les combattons avec détermination. C’est même la raison pour laquelle je ne changerai pas de cap et je continuerai chaque fois que nécessaire à dire ce qui ne va pas pour obtenir de l’Etat des avancées, comme je l’ai fait sur la santé, sur l’éducation, sur le nettoyage des autoroutes.
Mais réduire la Seine-Saint-Denis à ses difficultés, ce serait être borgne.
Notre responsabilité, notre devoir, c’est aussi de porter une image de la vraie Seine-Saint-Denis, de celle que nous connaissons bien. De la Seine-Saint-Denis qui innove, de la Seine-Saint-Denis qui réussit, de la Seine-Saint-Denis qui avance et qui gagne. Dans tous les domaines, la culture, le sport, l’économie, l’innovation sociale, le patrimoine historique et naturel, nous avons de formidables atouts et de vraies richesses à mettre en avant. C’est dans cet esprit de valorisation de la Seine-Saint-Denis que je souhaite notamment créer avec les entreprises du département un Label « Made in Seine-Saint-Denis ».
Je me ferai le porte-parole de cette Seine-Saint-Denis qui a tant à apporter à notre pays. J’ai la conviction profonde que l’avenir du Grand Paris, et peut-être même l’avenir du pays tout entier se jouent ici.
Je veux construire avec Paris et avec mon amie Anne Hidalgo un vrai destin commun entre la Seine-Saint-Denis et Paris. C’est notre responsabilité car il n’y aura pas de développement durable sans un partenariat fort qu’il s’agisse de la question du logement, de la qualité de l’air, de l’hébergement d’urgence. J’entends porter avec elle une candidature Paris-Seine-Saint-Denis pour les JO de 2024. Mais avec des conditions claires : pas pour en faire une vitrine. Non, pour en faire un levier durable de développement pour la Seine-Saint-Denis, un accélérateur de projets pour notre territoire. Cette candidature n’aura de sens que si elle a des retombées positives et durables pour les habitants, et en particulier la jeunesse. Elle doit notamment venir en appui de l’effort que nous voulons faire pour doter enfin la Seine-Saint-Denis d’équipements sportifs, en particulier de piscines.
Mes chers collègues, nous avons tous une responsabilité particulière pour faire réussir notre département auquel, je le sais, nous sommes tous très attachés. Nous avons une responsabilité particulière dans ce département jeune et populaire pour montrer que la politique et l’action publique sont capables d’améliorer la vie de nos concitoyens. Nous avons une responsabilité particulière pour qu’en Seine-Saint-Denis, la République soit bien synonyme de vivre-ensemble et d’un avenir meilleur pour les jeunes générations.
Permettez moi pour conclure de citer quelques mots qui je crois résument avec clarté ce pour quoi ma détermination est intacte et toujours aussi forte :
« Il faut écouter les hommes et les femmes des quartiers populaires qui ne demandent pas la lune. Ils veulent tout simplement vivre comme tout le monde ».
A leur justesse, vous en aurez peut-être reconnu leur auteur : c’était notre ami Claude Dilain, disparu il y a quelques semaines mais dont la voix résonne encore dans cette assemblée et qui nous manque.
Il avait raison et nous continuerons son combat.
Je vous remercie. »
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