Il faut maintenir la Grèce dans l’Euro pour sauver l’idée européenne
Publié le lundi 6 juillet 2015
Hier le peuple grec a exprimé le choix fort de dire non à plus de 60 % aux propositions de ses créanciers à savoir le FMI, la Banque Centrale Européenne et les Etats membres de la zone euro. Au-delà du refus de l’austérité, imposée au peuple Grec depuis que la crise financière de 2008 a dégénéré en 2010 en une crise de la dette publique et touché de plein fouet la Grèce, ce résultat par son ampleur exprime le besoin fort d’interroger l’Europe telle que nous l’avons construite. Il doit nous alerter sur le ressentiment de plus en plus important que les peuples nourrissent à l’encontre d’une certaine Europe et conduire à sa réorientation.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras l’avait martelé, il ne s’agissait pas d’un référendum pour ou contre l’Europe, mais de donner à son gouvernement l’assise démocratique nécessaire pour négocier une sortie de crise ne condamnant pas la Grèce à des décennies d’asphyxie économique et sociale. L’Union européenne ne doit pas se sentir désavouée ou déstabilisée par ce résultat, mais au contraire renforcée dans la nécessité de remettre la démocratie et plus particulièrement la souveraineté populaire au cœur des ses priorités et de sa gouvernance, car si la question monétaire et financière est importante, elle ne doit pas être la seule pierre de la construction européenne.
Ce résultat étant acquis, il faut désormais que l’ensemble des acteurs se remettent autour de la table pour trouver une solution qui satisfasse à la fois la nécessité d’assurer la stabilité financière et économique de la zone euro, tout en n’offrant pas pour unique horizon au peuple grec la litanie des mesures d’austérité s’étalant sur des dizaines d’années à venir. Il faut créer les conditions d’un maintien de la Grèce dans l’Euro et que reprenne la négociation avec elle sur la base de propositions acceptables qui permettent d’étendre la durée et de lisser les remboursements de sa dette. Celle-ci ne doit plus peser aussi lourdement sur la vie quotidienne des grecs.
Certains ont cherché à faire de la Grèce un exemple dans un contexte où les marchés financiers interrogeaient la solidité de toutes les dettes publiques des Etats de la zone euro. Nous ne sommes plus dans le même contexte. La BCE a desserré sa politique monétaire alimentant largement les acteurs bancaires et financiers en liquidités à faible coût, les Etats empruntent quasiment à taux zéro pour financer les prêts qu’ils font payer à des taux importants à l’Etat grec, l’économie donne des signes de reprise : il faut en prendre compte l’ensemble de ces facteurs dans la négociation qui doit rouvrir.
Il ne faut pas laisser dans cette affaire la droite européenne et en particulier la droite conservatrice allemande faire échouer l’Europe en mettant en œuvre l’idée folle qui consiste à condamner la Grèce sur la base d’une seule ligne idéologique : répandre un libéralisme sans borne et des politiques récessives qui cassent les services publics, grèvent la reprise économique, et ignorent les aspirations des peuples européens.
On ne peut pas laisser le berceau de l’Europe et de la démocratie sur le bord de la route et continuer d’éloigner toujours plus les peuples européens de leurs institutions. Le « non » grec doit permettre de créer un sursaut qui nous ramène aux fondamentaux de l’idée européenne : l’Europe des peuples, l’Europe politique, l’Europe sociale, l’Europe des économies qui se soutiennent et se renforcent mutuellement. François Hollande qui avait mis la réorientation de l’Europe au cœur de son programme, a désormais un grand rôle à jouer dans le concert des chefs d’Etat Européens pour permettre à la France de proposer – enfin – une véritable réorientation de l’Europe.
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