Commémorations du 19 mars 1962 : mémoires du passé, du présent et du futur
Publié le lundi 19 mars 2018
Cette année mémorielle s’annonce riche, avec le centenaire de la Première Guerre Mondiale (1914–1918), mais également le 56ème anniversaire des Accords d’Evian et du cessez-le-feu du 19 mars 1962, que nous commémorons aujourd’hui.
Le 19 mars 1962, un accord de cessez-le-feu entre la France et le gouvernement provisoire algérien fut signé à Evian. Approuvé par référendum à 90 %, il marque la fin de huit années de guerre, longtemps désignées comme les « événements d’Algérie » dans un but évident d’euphémisation. Ce n’est d’ailleurs que le 10 juin 1999 que l’Assemblée nationale française a officiellement reconnu l’expression « guerre d’Algérie » dans les textes.
Ce qui pourrait paraître une anecdote n’en est pas une. Selon l’historien Gilles Manceron, que nous avons reçu en Seine-Saint-Denis à l’occasion d’une table ronde sur la mémoire du 17 octobre 1961 (voir ci-dessous), la France a encore un rapport très conflictuel à son passé colonial. Certaines personnes, dans leurs déclarations ou écrits, vont ainsi jusqu’à se déclarer « nostalgiques d’un passé révolu », n’hésitant pas à faire des déclarations fallacieuses en proposant une vision erronée de l’Histoire.
La reconnaissance de notre passé douloureux de colonisation est pourtant une nécessité, pour la France comme pour l’Algérie. Il est à ce titre toujours intéressant de découvrir les écrits d’historiens comme Gilles Manceron, Guy Perille ou Benjamin Stora, qui reviennent largement sur cette question. En tant que Président de Conseil départemental, et avant tout en tant que citoyen, je suis très attaché au devoir de mémoire, en particulier au sujet de la Guerre d’Algérie, et ce pour des raisons essentielles.
Il est indispensable que chaque citoyen se sente faire partie intégrante de la République. La reconnaissance des histoires diverses dans lesquelles nous nous inscrivons participe de cette construction identitaire commune, et ne doit en rien être vue comme une menace. En effet, notre pays ne pourra que s’enrichir de la mise en partage de ces mémoires liées à tant d’origines, de langues, de cultures culinaires ou encore musicales différentes.
La Seine-Saint-Denis est un département emblématique, où le devoir de mémoire est particulièrement important. L’identité de notre territoire s’est ainsi construite au gré de l’histoire économique et politique française, notre Département étant une terre d’accueil et de travail pour des populations venues du monde entier. Afrique subsaharienne, Maghreb, Antilles, Océan indien, Asie… Au fil du temps, ces arrivées de populations successives ont façonné notre territoire, aujourd’hui riche d’une diversité de cultures et d’origines à nulle autre pareille.
Nous prenons donc toute notre part dans ce devoir de mémoire. Comme évoqué dans ce billet blog, nous sommes le premier Département à avoir lancé des démarches de commémoration des événements du 17 octobre 1961, drame survenu en pleine guerre d’Algérie. Pour rappel, une manifestation pacifique d’Algériens répondant à l’appel du FLN avaient été réprimée dans le sang sur ordre de Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, donnant lieu au massacre de 150 et 200 personnes. Le travail de mémoire autour de cet événement, occulté pendant des décennies, est donc extrêmement important.
Nous avons, à ce titre, lancé plusieurs actions, parmi lesquelles des parcours éducatifs en lien avec les archives départementales auprès des collégiens de Seine-Saint-Denis, ou encore le projet de réalisation d’une fresque par des graffeurs le long du Canal de Saint-Denis.
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