Handicap : passer de la parole aux actes
Publié le mercredi 16 mai 2018
Emmanuel Macron avait voulu frapper un grand coup en désignant le handicap comme l’une des grandes priorités de son quinquennat. Mais hier, plusieurs associations ont déposé une réclamation devant le Conseil de l’Europe afin de faire condamner la France pour « violation des droits fondamentaux » des personnes en situation de handicap.
« A l’heure où l’actuel gouvernement a promis de faire du handicap une priorité, nous demandons un plan d’actions à la mesure de l’urgence ».
Je ne peux qu’aller dans le sens des revendications du collectif de plaignants : il faut aller plus loin, et plus vite, sur le volet du handicap, en répondant à des préoccupations bien concrètes.
C’est d’abord le cas en matière d’éducation : depuis un an, aucun changement du statut des auxiliaires de vie scolaire, pas de hausse non plus de leurs effectifs. Sans leur travail indispensable d’accompagnement dans les établissements, l’accès à l’éducation n’est pas garanti pour nombre d’enfants en situation de handicap.
Et quel exemple flagrant de cet inégal accès à l’éducation que les ruptures de parcours que subissent certains enfants porteurs de handicap, comme le dénonce encore récemment l’association nationale de parents d’enfants sourds ? Je ne peux que déplorer le fait que trois élèves de CM2 en Seine-Saint-Denis n’aient toujours pas reçu d’affectation en classe de sixième dans des parcours en langue des signes (LSF).
En matière de logement aussi, les inégalités d’accès risquent de se creuser avec la décision du gouvernement d’intégrer à sa loi « ELAN » une réduction drastique du nombre de nouveaux logements construits accessibles aux personnes à mobilité réduite : de 100%, le gouvernement décide de passer à 10% !
Du point de vue des Départements, chefs de file des solidarités, c’est notamment la question des allocations individuelles de solidarité (AIS) et de la compensation du handicap que nous connaissons bien. Le système actuel fait peser lourdement sur les Départements une solidarité pourtant nationale, créant une inégalité supplémentaire pour les personnes en situation de handicap selon leur lieu de vie.
Pour aller plus loin dans la solidarité nationale, je soutiens aussi l’individualisation de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). Pour l’instant attribuée et calculée en fonction de la situation et des ressources du foyer, et non pas de la personne en situation de handicap elle-même, elle doit être plus juste et plus équitable au regard de la solidarité nationale et de notre système de protection sociale qui soutient celles et ceux qui se trouvent momentanément ou durablement dans une situation de vulnérabilité.
C’est le cas des 12 millions de personnes en situation de handicap recensées par l’INSEE en France, ainsi que de leurs proches, qui méritent mieux que des grands discours.
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