Union de la gauche : mon intervention au Conseil National du Parti Socialiste
Publié le vendredi 6 mai 2022
Hier soir le Parti Socialiste a débattu et voté pour le rassemblement des forces de gauche en vue des élections législatives de juin prochain. Retrouvez mon intervention au cours de ce débat.
Chers amis, chers camarades,
D’abord je veux remercier l’équipe à qui nous avions ici donné mandat, et qui a âprement et longuement négocié en notre nom. Je suis persuadé que personne n’aurait fait mieux au vu de notre situation.
Alors oui, il y a des déceptions, il y en a même plusieurs centaines, c’est mathématique… En Seine-Saint-Denis, nous pourrons défendre nos couleurs dans une seule circonscription sur 12, et pas la mienne pour tout vous dire. Et pourtant, je voterai pour cet accord, avec conviction et parce qu’il n’y aucun plan B.
Je veux aussi le dire, et un peu solennellement compte tenu de l’enjeu et de notre avenir commun : ici, ce soir, personne ne va trahir, quel que soit son vote, et j’aurais aimé que nous n’utilisions pas certains termes entre nous : reddition, soumission, renoncement, abandon, leurre, humiliation… Personne ne trahit ni l’histoire de la gauche, ni notre collectif militant, ni nos idées, car au Parti Socialiste, si nous pouvons diverger sur les moyens, on discute de tout, on débat de tout, mais on ne s’insulte pas, on n’insulte pas l’avenir.
D’ailleurs, rien ne vous interroge ces derniers jours ?
Nos adversaires de toujours, les conservateurs, les libéraux, et même l’extrême-droite nous parent soudain des qualités les plus inattendues, glorifient nos convictions, revendiquent nos succès passés, et nous appellent à la raison parce que nous cherchons à rassembler la gauche, pensant que nous allons tomber dans ce piège grossier.
Et, puisque j’ai la conviction depuis toujours qu’il n’y a pas de victoire possible pour la gauche dans ce pays sans le rassemblement des forces populaires, que notre famille politique c’est toute la gauche, et bien, quel que soit le choix que nous ferons les uns et les autres ce soir, il faudra bien nous retrouver toutes et tous ensemble.
La situation difficile que nous devons affronter, elle vient de loin, elle n’est certainement pas la responsabilité d’un seul, ou d’une seule, je veux le dire une nouvelle fois, et je veux moi aussi saluer Anne qui a porté nos couleurs lors de la dernière présidentielle.
En 2017, certains avaient pu croire que 6,36%, c’était un accident, que le positionnement politique de Benoit Hamon au sein de notre famille était la cause de notre échec.
Il aurait suffi, la fois d’après, de revenir à une orientation plus centrale et plus ancrée au cœur de notre histoire, faite d’engagements européens, de crédibilité économique et de volontarisme social, pour que tout redevienne comme avant.
En 2022, nous avons donc renoué avec le cœur de notre identité, une position sociale-démocrate affirmée.
Mais une fois de plus on voit bien que ce n’était pas ça le problème.
Le problème, c’est que nous avons perdu les catégories populaires et la jeunesse, et qu’il n’y a pas d’avenir à gauche sans renouer avec elles.
On peut gagner – parfois, souvent – des élections, locales notamment, avec une abstention massive, mais on ne mobilise pas, on ne gouverne pas et on ne transforme pas durablement la société dans de telles conditions.
Renouer avec la victoire, c’est d’abord reconquérir le cœur et les esprits de celles et ceux qui ont la vie dure dès le 15 du mois, qui n’y croient plus, qui doutent pour l’avenir de leurs enfants et de la planète. C’est renouer avec celles et ceux que nous voulons, que nous devons défendre, en priorité car c’est la mission historique de la gauche.
Renouer avec la victoire, c’est rassembler la Gauche.
Affronter la droite de Macron, et chercher à gouverner pour transformer la société dans le contexte du néo-libéralisme qui déferle depuis plus de 30 ans sur les sociétés occidentales, c’est assumer aussi une certaine forme de radicalité, des positions fermes et tranchées, sur des marqueurs sociaux puissants, c’est aussi ce que le résultat de l’élection présidentielle a démontré.
Il n’y pas de victoire sans rassemblement des forces populaires. Tourner le dos à cela, c’est diviser, ou peut-être construire un autre chemin, mais qui n’est pas à gauche.
Pour conclure je vous le dis chers camarades, et c’est l’élu des quartiers populaires de Seine-Saint-Denis qui le dit : la jeunesse et les catégories populaires plébiscitent l’union, si nous tournons le dos à cette attente, ils et elles ne nous le pardonneront pas. Alors, en responsabilité votons cet accord, ne pensons pas à chacune et chacun d’entre nous, ni même à notre seule organisation, mais surtout à celles et ceux à qui la Gauche a l’ardente obligation de redonner de l’espoir.
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