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Cure d’austérité pour les collectivités locales : ma tribune dans l’Humanité

Publié le mardi 12 novembre 2024

La crise budgétaire actuelle est le résultat du septennat Macron. Si la France doit affronter un déficit abyssal, c’est parce que la « fameuse » politique de l’offre qui a multiplié les cadeaux aux plus riches a ruiné notre pays. Les collectivités territoriales sont un bouc émissaire trop commode.

Notre modèle de décentralisation souffre d’une vision purement financière. Pourtant, les collectivités, qui répondent aux besoins de services publics de proximité, constituent le premier bouclier social face à cette politique de l’offre et créent les conditions du vivre ensemble. Il faut tordre le cou à cette idée du « mammouth local à dégraisser ». En France, les dépenses locales représentent 8,2% de la dette et 19% des dépenses publiques globales contre 50 % en Espagne, alors qu’elles assument près de 70 % de l’investissement public. La transition écologique ne se fera pas sans leurs investissements.

Le projet de loi de finances pour 2025, en frappant durement les collectivités de 6,5 milliards, illustre le mépris pour l’action locale. Même si tous les acteurs de la dépense publique doivent participer à résorber le trou macronien, il convient de le faire avec discernement plutôt que d’administrer de manière indiscriminée des potions austéritaires, et ce, en interrogeant d’abord la justice et l’efficacité de l’allocation des ressources des collectivités.

La compensation des dépenses transférées, notamment sociales ou éducatives, figée depuis la date du transfert, est désormais sans rapport avec les dépenses réellement supportées par les collectivités. Dans le même temps, les inégalités de ressources fiscales ont abouti, depuis plus de 20 ans, à des différences de richesse injustifiées qui accentuent les fractures territoriales et compromettent l’égalité d’accès aux services publics.

Ainsi, la Seine-Saint-Denis, département dont la population est la plus pauvre de France métropolitaine, côtoie à ses frontières les Départements les mieux dotés en ressources fiscales. Cela permet à la Ville de Paris de rendre gratuits les transports pour les jeunes – une bonne mesure -, là où dans les mêmes bus ou métros, les jeunes de Seine-Saint-Denis doivent payer. De la même manière, rien ne justifie que les Pyrénées-Orientales n’aient pas les mêmes moyens que les Alpes-Maritimes pour faire face au vieillissement de la population

Ces inégalités ne sont pas dues à la gestion locale, mais au fruit de l’histoire et à l’inaction de l’Etat, qui considère les finances des collectivités comme un problème budgétaire plutôt qu’une solution aux défis du pays.

Cessons ces mesures à la petite semaine, cessons de faire de la direction du budget le seul pilote de la décentralisation. Rebâtissons un pacte financier avec les collectivités, alliant justice territoriale, sobriété budgétaire et financement des grands défis d’avenir.

La cure d’austérité du PLF2025 est indigeste et va démultiplier la crise dans les territoires. En période d’argent public rare, il est de notre devoir d’en optimiser l’allocation. En d’autres mots, n’ajoutez pas la crise des territoires à la crise budgétaire. J’en appelle au courage de l’Etat et à la responsabilité de chacun.