La COP21 en Seine-Saint-Denis : l’avenir des banlieues passe par la transition énergétique
Publié le lundi 30 novembre 2015
La COP21, conférence mondiale sur le climat, s’ouvre ce lundi au Bourget, en Seine-Saint-Denis. L’occasion pour moi de revenir sur les enjeux de ce sommet pour le département et plus largement, pour les banlieues. La transition énergétique est une nouvelle frontière du progrès social. Explications.
La Seine-Saint-Denis est le territoire hôte de la COP21. À moins de trois kilomètres du site de cette conférence, se trouvent les derniers immeubles de la cité des 4000 à La Courneuve.
Pourquoi est-ce important de le dire haut et fort ? Pour deux raisons : d’abord pour changer l’image de notre territoire, trop souvent caricaturé, alors que tant de belles initiatives s’y déroulent ; ensuite parce que cette localisation donne un sens politique particulier à la transition énergétique.
Les risques de l’inaction
La COP21 en Seine-Saint-Denis doit en effet avoir une signification : c’est le département le plus jeune de France. C’est un territoire riche de sa diversité, où cohabitent des français de toutes origines, ouverts sur le monde, sensibles aux crises climatiques au-delà de nos frontières. Mais aussi des familles de plus de 170 nationalités, presque autant que le nombre de pays négociateurs de la COP21.
Lors des pics de pollution, comme sur le Logo de la COP21, c’est la tour Eiffel que l’on nous montre, perdue dans un nuage de particules fines. Mais c’est à Saint-Denis, au bord de l’A1, qu’Airparif relève les taux de polluants les plus élevés.
En Seine-Saint-Denis, les transports en commun sont trop rares et le choix de la voiture contraint. Par la forme de la ville elle même, l’habitat dégradé, la précarité sanitaire, le département est particulièrement sensible aux épisodes climatiques extrêmes.
C’est là que les gains de la transition énergétique seront les plus nets et les risques de l’inaction les plus graves. Voilà pourquoi il faut construire la transition énergétique des banlieues.
Mobiliser tous les financements possibles
La mobilité d’abord. La Seine-Saint-Denis, territoire urbain de 1,6 million d’habitants, longtemps sous-équipée en transports en commun, doit bénéficier d’un réseau digne de ce nom. Le projet de prolongement du tramway T1, sur lequel nous travaillons, ce sera par exemple 800 tonnes de CO2 non émises.
Le grand chantier de la rénovation énergétique ensuite, en mobilisant tous les financements possibles. Qui peut croire qu’une famille propriétaire modeste peut avancer les 20.000 euros qui sont en moyenne nécessaires pour faire passer un logement aux normes du Grenelle de l’environnement ?
L’emploi, bien sûr. Nous avons l’opportunité historique de positionner la jeunesse des quartiers populaires sur les métiers de l’économie verte. Le Conseil départemental a pris l’initiative d’organiser, en novembre, le premier forum d’ampleur des emplois de l’environnement pour orienter et former ceux qui seront les travailleurs de la transition énergétique.
Une nouvelle frontière du progrès social
La démocratie, enfin, pour redonner un horizon aux politiques publiques locales et permettre de reconquérir celles et ceux que les grands choix collectifs n’intéressent plus parce que l’impact sur leur quotidien est trop faible.
La transition énergétique est donc, pour les quartiers populaires, un cap incontournable. Les lignes de fractures environnementales recouvrent parfaitement les inégalités territoriales, économiques et sociales. C’est vrai entre les pays riches et les pays pauvres. C’est vrai également au sein d’une des régions les plus riches d’Europe : l’Ile-de-France.
La transition énergétique est aujourd’hui une nouvelle frontière du progrès social.
Tribune publiée sur Le Plus (L’Obs)
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