Discours à l’occasion de l’inauguration du square « Ahmed Merabet »

Monsieur le Sous-Préfet,

Monsieur le Député,

Monsieur le Maire,

Monsieur le Conseiller départemental,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et messieurs de la famille d’Ahmed Merabet,

Mesdames, Messieurs,

Un an déjà, un an qu’Ahmed Merabet a disparu, tombé dans ses fonctions de policier de la République sous les balles des terroristes, tombé parce qu’il nous défendait.

Ce 7 janvier 2015, tous nous avions été saisis d’horreur, de colère, de révolte face à ces actes odieux, inédits, inouïs. Saisis de tristesse aussi de voir un homme, un enfant de la Seine-Saint-Denis, de Livry-Gargan, qui avait grandi ici, fauché en pleine force de l’âge, à 40 ans.

Et à l’aune de cette immense tristesse qui fut la nôtre, j’imagine quelle a pu être la douleur de sa famille, de ses proches, et c’est d’abord à eux que je pense aujourd’hui. Je leur dis que la dignité avec laquelle ils affrontent ce drame est le meilleur hommage qu’on peut rendre à ce fils, à ce frère, à ce proche. Je leur dis notre affection, je leur dis que si rien ne peut hélas leur rendre cet être si cher, nous avons à cœur d’honorer sa mémoire et de la faire vivre.

Je remercie M. le Maire et le conseil municipal de Livry-Gargan d’avoir pris l’initiative de donner à ce square le nom d’Ahmed Merabet.

Faire vivre sa mémoire, je crois que c’est d’abord se souvenir qu’en honorant Ahmed Merabet, ce sont à la fois toutes les victimes des attentats, ceux de janvier comme ceux de novembre, et tous ceux qui se mobilisent pour répondre à ces agressions que nous honorons.

Les nouvelles attaques qu’ont subies notre pays et notre département le 13 novembre nous ont rappelé hélas que la menace existe toujours. Mais elles nous rappellent aussi le dévouement exemplaire dont savent faire preuve dans ces circonstances exceptionnelles les forces de l’ordre, les services de secours, les hôpitaux, les fonctionnaires.

Ce sont, comme l’était Ahmed Merabet, des gens qui font leur travail. Avec conscience. Mais que les actes horribles auxquels ils doivent faire face transforment subitement en héros du quotidien. Ahmed Merabet, c’est l’exemple que je donne désormais souvent quand certains attaquent notre beau département pour dire à la France toute entière : assez de caricatures, le  voilà le visage de la Seine-Saint-Denis. Ahmed Merabet, c’est désormais dans nos mémoires le nom et le visage du courage. Celui qui doit nous inspirer pour faire face à tous ceux qui attaquent la France et ses valeurs, et qui peut-être demain recommenceront.

Mais pour que nous puissions tout simplement continuer à vivre, ce qui reste la meilleure réponse au terrorisme, nous avons besoin de sécurité et c’est précisément au nom de cela qu’Ahmed Merabet a été tué. Ahmed Merabet, c’est le nom de la Liberté, de notre Liberté. Ahmed Merabet, c’est aussi un nom, un parcours au service des autres, un engagement, qui doit nous rappeler qu’il n’y a pas plusieurs catégories de Français, que nous ne devons pas nous égarer, que nous ne devons pas nous diviser au moment où le pays n’a jamais eu autant besoin de se rassembler. C’est un nom dont le seul souvenir nous met en garde contre les raccourcis, les amalgames que les faux prophètes de mort espèrent faire naître par leurs crimes.

Aujourd’hui, en donnant à ce square le nom d’Ahmed Merabet nous disons simplement : nous ne l’oublierons pas, et nous continuerons à vivre pour que les valeurs républicaines pour lesquelles il est tombé ne meurent pas, elles. Un square, c’est un lieu où l’on respire. Un square, c’est un lieu où l’on joue. Un square, c’est un lieu peuplé des rires et des cris des enfants. Un square, c’est un lieu plein de vie. Un square, c’est un bel endroit pour célébrer quelqu’un qui a donné sa vie pour que nous puissions vivre les nôtres.

Aujourd’hui, en donnent à ce square le nom d’Ahmed Merabet, nous disons à ses assassins et à tous les autres : oui, bien sûr, vous avez brisé la vie d’un homme de la manière la plus lâche, oui vous avez meurtri à jamais une famille et au-delà tout un pays, mais non vous n’avez pas gagné car nous sommes toujours debout, en son nom.

Ahmed Merabet, que chacun se souvienne ici de vous, et puise dans votre courage et dans votre drame un exemple pour les jours difficiles que nous affrontons.

Je vous remercie.