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« Intervention lors du « Carrefour citoyen des Gauches et de l’Ecologie » à Bondy

Publié le samedi 26 novembre 2016

Voici la retranscription du discours que j’ai prononcé lors du Carrefour des Gauches et de l’écologie à Bondy.


Mot d’accueil par Stéphane Troussel, Président… par carrefour-ge

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Bonjour à toutes et à tous, chers amis, chers camarades,

D’abord merci chère Sylvine de nous accueillir ici, à Bondy, au cœur de la Seine-Saint-Denis. J’y reviendrais mais pour moi, c’est plus qu’un symbole que ce carrefour citoyen des gauches et de l’écologie se tiennent dans des quartiers populaires qui ont fait confiance à la gauche et qui ont raison d’être exigeants vis-à-vis de la gauche.

Quel plaisir de voir que nous sommes nombreux à avoir répondu à cet appel, celui de Martine Aubry que je veux saluer amicalement devant vous pour cette initiative.

Je dois vous dire que cela fait du bien de retrouver un espace collectif comme aujourd’hui, qui dépasse les partis, les chapelles et les écuries.

Cela fait du bien de parler un peu moins des égos, et un peu plus des projets, des idées et des valeurs.

Regardez ce que nous venons de vivre avec la primaire d’en face, celle de la droite.

Oui, la droite est plus mobilisée que jamais : 4 millions de votants, c’est un record. On nous parle depuis 8 jours de la « surprise » Fillon ! Mais si on dépasse la couleur des casaques, franchement, il n’y a aucune surprise. Au contraire. Le peuple de droite est mobilisé, il a voté à droite, et même bien à droite. Monsieur Fillon leur propose la revanche idéologique, revanche pas seulement par rapport à la gauche, mais par rapport à la France, à son modèle social, à son projet républicain. Cette droite qui enrage depuis des années de ne pas réussir à imposer au pays sa potion amère de l’ultralibéralisme réhaussée d’une bonne dose de réaction. On a eu un débat pour savoir s’il faut supprimer 300 000, 400 000 ou 500 000 fonctionnaires, pour savoir s’il faut travailler 39h ou 48h, pour savoir s’il faut travailler jusqu’à 65 ou 67 ans et même pour savoir qui est le plus proche du Pape.

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De cette primaire de droite, il y a 2 conclusions majeures pour moi :

  • d’abord, et cela vaut aussi à gauche, les primaires sont une belle idée pour renouveler l’intérêt des citoyens pour la politique, mais elles sont aussi le dernier symptôme de l’agonie d’une Vème République à bout de souffle. Moi, je ne me résous pas à trouver normal qu’un électeur de gauche en soit réduit à participer à la primaire de droite parce qu’il pense que ce vote aura plus de poids que la véritable élection.

  •  mais si certains l’ont fait, et c’est la 2ème conclusion, c’est que face à une droite dure, campée sur ses valeurs conservatrices, il faut une gauche forte et mobilisée pour des idées progressistes. Une gauche qui assume son histoire, qui assume ce qu’elle est et qui assume de proposer un avenir. Car si nous ne défendons pas nos valeurs, si nous ne sommes pas présents pour défendre la justice sociale, l’égalité, la laïcité, l’éducation, les salariés qui le fera ?

Je vous le dis aussi, arrêtons de faire croire aux Français que tous les 5 ans, ils vont élire la femme ou l’homme providentiel. La politique meurt de ce système. « Tous candidats » semble être à l’heure actuelle le mot d’ordre. Et chacun joue sa petite carte, sa petite tactique, sa petite partition, avec plus ou moins d’arrières pensées et plus ou moins de succès.

Au point que certains nous proposent même une autre voie : faire l’autruche et attendre que ça passe. L’alternance serait inévitable, bénéfique même pour certains…

Et pourtant, ce n’est pas moi qui le dit, c’était François Mitterrand, tout se ramène toujours à ceci : gagner ou perdre. Car l’histoire ne s’arrête jamais, elle n’attend pas, et ne pas bouger, c’est commencer à perdre…

Moi, je ne renonce pas, je ne renoncerai jamais. Ce n’est pas cela notre idéal et notre combat, nous sommes des militants convaincus, nous voulons écrire une histoire pour notre pays, au côté de ceux qui en ont la volonté.

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Je suis très heureux que nous soyons ici en Seine-Saint-Denis pour se remettre à écrire l’histoire
. Car je ne supporte plus les caricatures que l’on fait de notre pays et en particulier de ses quartiers populaires. Nos quartiers, ils n’ont pas de leçons à recevoir, ils ont même des solutions à proposer.

Oui, la France, et la Seine-Saint-Denis en particulier, a une histoire à raconter, un autre récit national que « nos ancêtres les gaulois » ou « les bienfaits de la colonisation civilisatrice  ». Cette histoire, ce n’est pas non plus une repentance. C’est simplement celle d’un pays qui se regarde tel qu’il est, celle de la France de toujours, d’aujourd’hui et celle de la France de demain. Celle que la droite dure ne veut pas voir et que l’extrême-droite veut exclure.

Oui, la France et la Seine-Saint-Denis, c’est la jeunesse. Elle mérite mieux qu’une école démantelée, que des « jobs » précaires. Non, l’ubérisation de l’économie, ce ne peut pas être l’horizon indépassable du progrès social.

Oui, la France, et la Seine-Saint-Denis en particulier, c’est la laïcité. Assez d’anathèmes, assez de polémiques futiles et de stigmatisation, assez de caricatures. Est-ce que vraiment la religion, quelle qu’elle soit, doit être désormais au cœur de tous les débats ?

Et puis la France, et la Seine-Saint-Denis en particulier, c’est aussi la gauche, même si les médias depuis 15 jours l’ont un peu oublié. C’est la gauche. Toute la gauche. La théorie des gauches irréconciliables, c’est le meilleur moyen de perdre et de ne rien faire. Comment faisons-nous dans les collectivités que nous dirigeons ? Nous sortons des postures, nous sortons des procès d’intention, et nous travaillons. Sur le fond. Et cela marche. Ce n’est pas Sylvine à Bondy, Martine à Lille ou Anne à Paris qui me contrediront. Et cela, nous n’en serions plus capables à l’échelle du pays ? Je ne le crois pas. Encore faut-il en avoir la volonté car le rassemblement ne se décrète pas, il se construit en permanence. Et pas seulement à la veille des élections.

Nous sommes lucides. La gauche au pouvoir, à tort ou à raison, a déçu. Pas besoin d’institut de sondage pour le savoir. Il suffit d’être à l’écoute et à la rencontre des habitants, notamment dans nos quartiers pour s’en rendre compte.

Décevoir les citoyens, décevoir le pays, ce n’est jamais avoir raison.

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Et pourtant, je ne mettrai jamais de signe d’égalité entre ce qui a été fait depuis 5 ans et le mandat précédent. La création de postes d’enseignants, notamment ici en Seine-Saint-Denis, l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, la parité, le non cumul, ou le tiers payant généralisé sont des réalisations positives. Elles ne sont en rien comparables aux milliers de postes de fonctionnaires supprimés sous Sarkozy et à l’accroissement des inégalités sous son mandat.

Et je vous le dis aussi, je me félicite que la période terrible que nous avons traversée avec les attentats ait été gérée dans la dignité par ce gouvernement plutôt que par les tenants de l’autoritarisme et des coups de menton. Il n’en demeure pas moins que s’enferrer dans le débat sur l’extension de la déchéance de nationalité était inutile et délétère. Je le dis, c’était une faute et qui a laissé des traces.

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Il y a aussi des renoncements qui demeurent incompréhensibles, je pense à une vraie réforme fiscale, notamment la fiscalité locale. Je pense à la réorientation de l’Europe. Je pense encore au droit de vote des étrangers. Ceux qui nous ont fait confiance ne nous reprochent pas de ne pas avoir réussi, ils nous reprochent souvent de ne même pas avoir essayé.

Mais il n’est jamais trop tard.

Il est temps de reprendre le chemin de la défense de nos valeurs et de refaire souffler de nouveau le vent des idées progressistes, un vent d’optimisme et d’espoir pour une gauche qui apparaît hélas aujourd’hui affaiblie et divisée. Et si nous sommes si nombreux et venus de tant d’horizons différents, c’est qu’il y a plus que jamais un besoin de relever la tête face à une droite plus rétrograde que jamais, qui s’y voit déjà et qui promet le pire pour notre pays et pour les françaises et les français.

Ne désespérons pas et croyons en nous. N’écoutons pas les commentateurs ou les sondages, partout dans le monde, les peuples leur donnent tort. Arrêtons de nous regarder le nombril. N’écoutons que la voix de nos concitoyens et échangeons avec ceux qui veulent réellement faire changer les choses.

Cette journée est un bon moyen d’y contribuer. Alors au travail !

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