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Une grande primaire de la gauche est la condition indispensable au sursaut et au rassemblement

Publié le vendredi 2 décembre 2016

En prenant hier soir devant les Français la décision de ne pas se présenter à sa propre succession, le président de la République François Hollande a fait preuve de dignité et de lucidité.

Dignité, en ces temps où la défiance des citoyens semble être si forte à l’égard des élus. L’émotion et la profonde sincérité qui animaient le président et qui font honneur à sa fonction et à son sens des intérêts supérieurs de la France méritent d’être saluées.

Lucidité dans l’analyse du bilan et de la situation politique. François Hollande a défendu avec raison les vraies avancées qui rappellent qu’il n’y a aucun signe d’égalité à mettre entre la droite de MM. Sarkozy et Fillon, et l’action de la gauche pendant ce quinquennat. Il a aussi reconnu les erreurs, notamment sur la déchéance de la nationalité, et les insuffisances, notamment sur le plan économique et social où les résultats demeurent trop timides et trop tardifs. J’y ajouterai pour ma part le regret que certains combats n’aient pas été menés, en particulier sur le droit de vote des étrangers. Ce sont ces erreurs et ces insuffisances qui empêchent le président de réaliser autour de lui un rassemblement large de la gauche, seule voie possible dans l’élection présidentielle de mai 2017 face à la droite dure et à l’extrême droite. Ce bilan, qui est aussi celui du premier ministre, il en a donc tiré les conséquences.

Aujourd’hui, cette décision doit permettre d’ouvrir largement le débat, sur les idées d’abord et sur leur incarnation ensuite, et conduire la gauche au sursaut et au rassemblement. Face à une droite mobilisée sur ses valeurs les plus réactionnaires, nous avons le devoir de porter haut et fort nos propres valeurs : le progrès social, l’éducation, l’émancipation, l’égalité. Autant de thématiques qui fondent les combats de la gauche et qui n’ont pas à être abandonnés aux populistes. Cela ne suppose aucun renoncement, aucune repentance, mais simplement la capacité et la volonté de réorienter l’action de la gauche sur certaines questions aussi fondamentales que la politique économique et sociale, la politique européenne et d’assumer nos positions sur les grands débats de société.

Je crois profondément, en cohérence avec la manière dont j’exerce mes responsabilités comme président de Département, que la théorie des gauches irréconciliables est un poison mortel pour toute la gauche et qu’elle ne peut déboucher que sur des défaites, et donc sur de l’impuissance. C’est donc en toute logique que nous avons la responsabilité de faire une grande primaire de toute la gauche. Ces primaires qui s’ouvrent doivent être l’occasion pour le peuple de gauche et s’exprimer largement, avec la participation de toute la gauche. Ceux qui s’en exonéreront porteront une lourde responsabilité alors que nulle défaite n’est écrite à cette heure. On ne peut pas prétendre vouloir rassembler les Français si l’on n’est pas même convaincu d’être capable de rassembler la gauche.

Je continue de penser que le parcours, les idées et la personnalité de Christiane Taubira lui donnent cette capacité à porter nos valeurs, à réorienter le projet, et à opérer autour d’elle un large rassemblement. Je continue donc de souhaiter sa candidature à la primaire de la gauche.