Mes voeux pour l’année 2017

Merci beaucoup pour votre accueil,

Mes chers amis,

D’abord, je tiens à vous rassurer : je ne suis pas un hologramme. C’est bien moi, en chair et en os, car pour rien au monde je ne raterai ce plaisir de vous retrouver et vous voir aussi nombreux, c’est vraiment une joie pour moi.

Dans l’exercice de mon mandat, chaque jour, je tente d’être toujours le plus disponible possible même si ce n’est pas toujours facile avec mon agenda, et je peux le dire à ceux qui me font parfois le reproche de ne pas me voir assez souvent, être là à vos côtés aussi nombreux aujourd’hui, à La Courneuve cette ville où j’ai grandi, et où je vis, est toujours pour moi un grand plaisir !

Alors bonne année à tous, meilleurs vœux à chacune et chacun. Je vous souhaite de vous épanouir dans cette ville et ce département dont je suis si fier.

Cette énergie de notre département, j’ai envie de la partager, et alors qu’une période essentielle s’ouvre dans l’histoire de notre pays, j’ai envie de faire savoir à tous ceux qui aujourd’hui aspirent à conduire notre pays pour les 5 prochaines années qu’ils feraient bien de s’inspirer de ce qui se fait, de ce qui vit ici en Seine-Saint-Denis.

Car il est temps, il est temps, oui il est temps que la Gauche se remette à écrire l’Histoire, l’Histoire de France, celle qui de Jaurès à Mitterrand, en passant par Léon Blum, Pierre Mendès France, Michel Rocard ou Lionel Jospin, a toujours été l’histoire du progrès social, de l’égalité et de l’émancipation.

En Seine-Saint-Denis, nous n’en serons pas les spectateurs : nous voulons tenir la plume de cette Histoire, et y prendre toute notre place. Je ne supporte plus les caricatures que l’on fait de notre pays et en particulier de ses quartiers populaires. Nos quartiers n’ont pas de leçons à recevoir, ils ont même des solutions à proposer. Regardez le succès du Made In Seine-Saint-Denis que nous avons lancé il y a quelques mois pour donner à voir tous les talents, tous les projets et changer le regard sur notre Département ! Regardez la candidature de Paris aux JO 2024 où tout se fait en Seine-Saint-Denis et qu’avec Anne Hidalgo nous voulons remporter en 2017.

Oui, la France, et la Seine-Saint-Denis en particulier, a une histoire à raconter, un autre récit national que « nos ancêtres les gaulois » ou « les bienfaits de la colonisation civilisatrice  ». Cette histoire, ce n’est pas non plus une repentance. C’est simplement celle d’un pays qui se regarde tel qu’il est, celle de la France de toujours, d’aujourd’hui et celle de la France de demain. Celle que la droite dure ne veut pas voir et que l’extrême-droite veut exclure.

Oui, la France et la Seine-Saint-Denis, c’est la jeunesse. Elle mérite mieux qu’une école démantelée, que des « jobs » précaires. Non, l’ubérisation de l’économie et la précarité pour tous, n’en déplaise à M. Macron, ce ne peut pas être l’horizon indépassable du progrès social.

Oui, la France, et la Seine-Saint-Denis en particulier, c’est la laïcité. Assez d’anathèmes, assez de polémiques futiles et de stigmatisation, assez de caricatures. Est-ce que, vraiment, la religion, quelle qu’elle soit, doit être désormais au cœur de tous les débats ? Est-ce acceptable d’entendre le candidat de la droite qui veut devenir président de la République Française porter sa foi chrétienne en sautoir pour nous demander l’absolution ? Non, ce n’est pas acceptable.

Et puis la France, et la Seine-Saint-Denis en particulier, c’est aussi la gauche. C’est la gauche, oui. Toute la gauche. La théorie des gauches irréconciliables, c’est le meilleur moyen de perdre et de ne rien faire. Comment faisons-nous dans les collectivités que nous dirigeons ? Nous sortons des postures, et nous travaillons. Sur le fond. Comme l’a dit Zaïnaba Saïd Anzum, ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille mais cela fonctionne. Et cela, nous n’en serions plus capables à l’échelle du pays ? Je ne le crois pas. Encore faut-il en avoir la volonté car le rassemblement ne se décrète pas, il se construit en permanence. Dans l’action. Et pas seulement à la veille des élections.

Soyons lucides. La gauche aux responsabilités, à tort ou à raison, a déçu. Pas besoin d’institut de sondage pour le savoir.

Et pourtant, je ne mettrai jamais de signe d’égalité entre ce qui a été fait depuis 5 ans et le mandat précédent. La création des postes d’enseignants, notamment ici en Seine-Saint-Denis, le mariage pour les couples de même sexe, la parité, le non-cumul, la loi ALUR ou le tiers payant généralisé sont de belles réalisations. Elles ne sont en rien comparables aux milliers de postes de fonctionnaires supprimés sous Sarkozy/Fillon et à l’accroissement des inégalités sous leur mandat.

Je vous le dis aussi, je me félicite que la période terrible que nous avons traversée avec les attentats ait été gérée dans la dignité et la responsabilité par le Président Hollande et par le gouvernement de Manuel Valls. Il n’en demeure pas moins que s’enferrer dans le débat sur l’extension de la déchéance de nationalité était inutile et délétère. Je le dis, c’était une faute et elle a laissé des traces.

Il y a eu aussi des renoncements qui demeurent incompréhensibles, je pense à une vraie réforme fiscale, notamment la fiscalité locale si injuste et si dépassée. Je pense à la réorientation de l’Europe pour en faire enfin une Europe des grands projets et des investissements, une Europe de la relance et de la solidarité plutôt qu’une Europe du commerce et des banques. Je pense encore au droit de vote des étrangers aux élections locales.

Ceux qui nous ont fait confiance ne nous reprochent pas de ne pas avoir réussi, ils nous reprochent de n’avoir parfois même pas essayé.

Mais il n’est jamais trop tard.

Il est temps de reprendre le chemin de la défense de nos valeurs et de refaire souffler de nouveau le vent des idées progressistes, un vent d’optimisme et d’espoir pour une gauche qui apparaît hélas aujourd’hui affaiblie et divisée. Oui, il y a urgence à relever la tête face à une droite plus rétrograde que jamais, qui s’y voit déjà et qui nous promet le pire. Monsieur Fillon propose la revanche idéologique, la revanche pas seulement par rapport à la gauche, mais par rapport à la France, à son modèle social, à son projet républicain. 

La droite s’est recroquevillée sur ce qu’elle a de plus réactionnaire et de plus ultra-libéral, de plus rabougri et de plus racorni. Elle a choisi le repli sur soi, l’austérité et la rigueur, c’est à la Gauche de défendre son histoire et son ADN.

L’histoire de la Gauche et du socialisme, et vous savez que j’y suis attaché, c’est d’abord la défense de l’égalité et du progrès social. Il vaut mieux savoir d’où l’où vient pour décider où l’on veut aller.

Alors bien sûr, beaucoup d’entre vous me demande quel est celui que je soutiens. J’aurais aimé pouvoir dire celle que je soutiens. Non, désolé pour mes amis radicaux, je ne parle pas de Sylvia Pinel…mais je parle de Christiane Taubira, de Martine Aubry car je reste convaincu que nous avons besoin plus que jamais d’intelligence, de hauteur de vue et de valeurs, et que cela vaut tous les coups de menton. Elles en ont l’une et l’autre décidé autrement, je le regrette.

Dans ces primaires, il n’y a ni candidat naturel, ni candidat illégitime. Il n’y a pour moi aucune évidence.

Quel que soit celui pour qui je voterai, j’ai d’abord mes propres exigences, ma propre vision de ce qu’il faut faire pour la Seine-Saint-Denis et la France. Il n’y a pas de soutien inconditionnel. Ces exigences sont claires, elles sont simples et je veux les formule :

– d’abord redonner une vraie priorité à nos quartiers populaires. Je crois que ce quinquennat qui s’achève a été pour les quartiers populaires un rendez-vous manqué. Non pas parce que rien n’a été fait, ce serait injuste de le dire, mais parce que la gauche n’a pas su entendre les habitants des quartiers populaires, ni leur parler, ni entendre le besoin de reconnaissance, ni adresser un message de confiance. Nous pouvons faire mieux dans la lutte contre les discriminations, en matière de rénovation urbaine et d’égalité devant les services publics, nous devons continuer à faire plus en matière d’éducation. Et je dois dire pour l’instant que je n’entends pas beaucoup parler des quartiers populaires, et je le regrette, car j’attends mieux.

– ensuite moderniser la République et repenser le rapport aux citoyens. Nos institutions sont à bout de souffle, et la focalisation croissante de notre système politique sur l’élection d’un homme est une machine à engendrer la déception, le retrait démocratique, l’affaiblissement des corps et des élections intermédiaires et au final le populisme.

– bien sûr répondre à l’urgence écologique. La COP 21 en Seine-Saint-Denis, ce fut une des belles réussites de ce quinquennat. Chacun a compris, que l’écologie n’est pas une mode : elle doit être une dimension centrale de l’action publique, y compris en matière de renouveau de notre modèle économique et social. L’écologie, ce n’est pas que pour les bobos, ce doit être aussi pour les prolos, car la transition énergétique, c’est la nouvelle frontière du progrès social. Au Nord comme au Sud, ce sont toujours les plus vulnérables, les plus fragiles, qui sont victimes, des nuisances, des pollutions, des dégradations de l’environnement.

– et, enfin et surtout, répondre à la principale préoccupation des Françaises et des Français : celle du travail et du pouvoir d’achat, celle des fins de mois difficiles, celle des petites retraites et des minimas sociaux. Où est le million d’emplois promis par M. Gattaz en contrepartie du CICE ? Bien sûr nous devons être capables d’imaginer des systèmes économiques nouveaux, de prendre en compte le progrès technologique et d’écrire un nouveau modèle social aussi ambitieux que le fut celui du Conseil national de la Résistance. Mais parler de choses aussi simples que le partage des richesses, l’augmentation des salaires, cela n’est possible que si on renoue avec une politique de relance, pas seulement en France, mais à l’échelle européenne.

Mon choix pour ces primaires, vous l’aurez compris, ne s’est pas imposé facilement. Il faut faire des choix qui peuvent apparaitre comme manichéens alors que certains se complètent. On aurait envie d’en soutenir plusieurs mais on ne glisse dans l’enveloppe qu’un seul bulletin, et faire de la politique c’est choisir. J’apprécie le discours d’Arnaud Montebourg sur le pouvoir d’achat et les questions économiques, celui de Vincent Peillon sur les grandes valeurs de la gauche et l’engagement européen qui doit être le sien. Mais Dimanche prochain, personnellement, je voterai pour Benoît Hamon.

Il me semble qu’il porte de premières réponses – parfois imparfaites, mais qu’il a mérite de poser sur les grands enjeux de demain : le rapport au travail, l’urgence écologique et le renforcement de la démocratie. Ce choix ne présage rien de je ne sais quelle bataille interne dont seul mon parti a le secret. C’est un choix personnel guidé par mes convictions, mon histoire, et les valeurs profondes qui ont toujours animé mon engagement politique. Un choix pour préparer l’avenir et entrer quoiqu’il arrive dans une phase de refondation de la Gauche.

Mais je crois sincèrement que ce n’est pas là le plus important : quels que soient les choix des uns ou des autres, cette primaire doit être la réussite de la Gauche, celle qui fait des choix, qui connaît ses adversaires : la droite et l’extrême-droite. Elle doit être sans drames ni déchirements inutiles car je ne me trompe pas d’enjeux : demain, sans état d’âme, je soutiendrai celui qui sera désigné à l’issue de la primaire et agirai pour rassembler tous ceux qui veulent redonner des couleurs et un nouvel avenir à la Gauche. Enfin j’attache vous vous en doutez autant – sinon plus – d’importance à ce que nous construisons depuis des années, ensemble, ici en Seine-Saint-Denis avec vous tous, avec les nombreux élus de Seine-Saint-Denis présents ce matin, avec Claude Bartolone, plutôt qu’aux 3 semaines de débats de cette primaire.

Cette primaire doit être populaire car c’est la seule manière de donner de la force et de l’élan à celui qui sera désigné. Dimanche prochain je compte sur chacune et chacun d’entre vous, ne ratez pas cette occasion de faire entendre votre voix, pour qu’en avril prochain vous n’ayez pas de regret à aller voter par défaut, ou pire à choisir entre le projet Le Pen et le clone de Nicolas Sarkozy.

Ne désespérons pas et croyons en nous. N’écoutons pas les commentateurs ou les sondages, partout dans le monde, les peuples leur donnent tort.

Merci à tous et bonne année !

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