Pour des collectivités vraiment autonomes (tribune dans le Huffington post)
Publié le mardi 28 mars 2017
Nous, élus de gauche socialistes, républicains et écologistes, nous avons décidé de soutenir Benoît Hamon parce qu’il a décidé de placer la confiance avec les collectivités au cœur de son projet.
Partout en France, les maires sont le premier guichet républicain. Par leur présence et leur action, ils tissent le lien entre la nation et ses territoires. Au quotidien, comme dans les moments les plus difficiles de la vie des Français, ils répondent présents, avec l’ensemble de leurs agents. Ce fut le cas lors de terribles attentats de 2015 et 2016, comme ce fut le cas pendant les inondations de l’année passée ou la canicule.
Les Maires sont aussi force de proposition et porteurs d’innovations. Aujourd’hui, c’est bien souvent dans les territoires que s’inventent et s’expérimentent les nouvelles réponses aux préoccupations des Français.
Pour s’attirer les faveurs électorales, trop de candidats à la présidentielle caricaturent nos collectivités toujours trop « dépensières » et nos agents toujours trop « fainéants ». Il faudrait baisser les dotations de 7.5 milliards d’euros selon le candidat Les républicains et de 10 milliards d’euros pour celui d’En Marche.
Supprimer 70 000 à 120 000 fonctionnaires territoriaux, fabriquer une école à deux vitesses, ou encore supprimer carrément les régions pour le Front National, voilà l’horizon promis par certains.
Et pourtant nous ne pesons que 10% de la dette nationale; notre masse salariale ne représente que 25% de l’ensemble de nos dépenses, là où l’Etat y consacre plus de 40%. Nos agents travaillent, comme les autres salariés 35 heures par semaine, et 36% d’entre eux travaillent aussi le dimanche et de nuit. Nous savons malheureusement que l’Etat ne compense jamais réellement toutes les compétences qu’il transfert aux collectivités locales.
Nous assumons tout à la fois le maintien du pouvoir d’achat de nos agents et le soutien à l’investissement des PME et TPE françaises.
Nous avons prouvé ces dernières années que nous pouvions être responsables et efficaces dès lors que nous étions libres.
Pour la première fois, l’élection présidentielle nous impose un choix entre une grande régression, la recentralisation, ou une grande avancée pour faire des collectivités le fer de lance de la transition énergétique et sociale.
En voulant faire prendre en charge la taxe d’habitation de 80% des Français, le candidat d’En Marche oppose en fait le contribuable national et local et oppose les collectivités et l’Etat.
Pour être utile aux Français, la décentralisation doit reposer sur un nouveau pacte entre l’Etat et les collectivités fondé sur une réelle autonomie fiscale des collectivités; Quels choix démocratiques leur restera-t-il demain s’ils ne peuvent pas ramener la qualité de leurs services publics locaux au niveau d’impôts qu’ils paient pour ces services?
Nous attendons de l’Etat qu’il s’engage à laisser faire les collectivités dans tous les domaines où notre efficacité nous vaut la confiance de nos concitoyens.
Il est grand temps de graver enfin dans la Constitution l’autonomie fiscale des collectivités.
Nous, élus de gauche socialistes, républicains et écologistes, nous avons décidé de soutenir Benoît Hamon parce qu’il a décidé de placer la confiance avec les collectivités au cœur de son projet.
En matière d’emploi, nous serons au rendez-vous pour porter le made in France au niveau des marchés publics locaux et soutenir l’investissement local.
En matière d’éducation, nous serons prêts pour améliorer encore la mixité sociale dans nos écoles, pour créer un service public du soutien scolaire ou pour multiplier les classes d’accueil des moins de 3 ans.
En matière de développement durable, nous ferons encore plus pour mettre en œuvre la rénovation thermique de nos bâtiments et pour servir plus de repas bio dans nos cantines scolaires.
En matière de logements, nous ne céderons pas à la mode de celles et ceux qui veulent toujours moins de logements sociaux parce que nous savons la réalité des Français.
La modernité n’est pas dans la recentralisation des réponses mais dans l’innovation et la proximité, avec les habitants et l’ensemble des forces vives des territoires. Et nous sommes convaincus que l’heure n’est plus à l’aumône que l’Etat nous reverse avec nos propres ressources ; l’heure est à la modernité.
Premiers signataires
Luc Carvounas, Sénateur-Maire d’Alfortville, Anne Hidalgo, Maire de Paris, Olivier Bianchi, Maire de Clermondt-ferrand, Stéphane Troussel, Président du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis, Laurent Cathala, Maire de Créteil, Catherine Baratti-Elbaz, Maire du 12ème Arrondissement de Paris, David Ros, Maire d’Orsay, Régis Charbonnier, maire de Boissy-Saint-Léger, Michael Quernez, Maire de Quimperlé, Alain Anziani, Sénateur-Maire de Mérignac, David Lamiray, Maire de Maromme, Sylvain Tanguy, Maire du Plessis-Pathé, Jean-françois Debat, Maire de Bourg en Bresse
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