Mise au point sur le RSA
Publié le vendredi 17 novembre 2017
Notre époque est une époque faite d’images, d’instantanéité, de buzz, de peu d’attention accordée à des sujets parfois complexes. Il y a ainsi des approximations qui circulent, voire des « fake news », concernant la décision du Département de la Seine-Saint-Denis de ne pas payer le RSA de décembre à la CAF. Cette décision, prise dans la douleur, nous avons voulu qu’elle résonne comme un cri d’alarme face à la situation dans laquelle on maintient aujourd’hui les territoires populaires.
Bien sûr, les allocataires du RSA percevront leurs allocations, car il n’est pas question d’instrumentaliser les plus fragiles. C’est bien avec l’État que le bras de fer est engagé pour qu’il assume ce qu’il nous doit et qu’on cesse enfin de demander aux quartiers populaires de payer à sa place la solidarité nationale.
Car il ne faut pas s’y tromper : dans cette affaire, c’est l’État qui est fautif. Depuis que le versement du RSA a été confié aux départements par Jean-Pierre Raffarin en 2004, l’État n’a cessé de se désengager. Intégralement remboursées en 2004, nos dépenses liées au RSA ne le sont plus qu’à 63,4 % aujourd’hui (voir le tableau ci-dessous). Du fait de la précarisation accrue de la société, consécutivement aux différentes crises auxquelles nous avons fait face, l’augmentation continue du nombre d’allocataires a fait croître ces dépenses de 46 % entre 2010 et aujourd’hui. Cette année, le reste à charge pour le Département monte ainsi à 180 millions.
Cet État mauvais payeur nous oblige chaque année à faire des sacrifices sur nos autres missions de service public pour payer l’argent qu’il nous doit. Chaque année, de nombreux projets et investissements essentiels pour le développement de notre territoire sont ralentis – voire mis en échec – à cause de la contrainte financière qui pèse injustement sur nous. Ce combat sur le RSA, je le mène donc pour les plus modestes. Emmanuel Macron et le gouvernement d’Édouard Philippe ne peuvent impunément continuer à faire reposer la solidarité nationale sur les territoires les plus populaires.
C’est pourquoi j’ai fait une proposition au président de la République : que l’État nous rembourse sa dette, et nous aurons enfin les moyens de mener les investissements ambitieux et structurants dont les quartiers populaires ont besoin : construction et rénovation de logements, développement des transports et des infrastructures sportives, transition écologique… Il ne s’agit pas d’un appel à l’aide ; il s’agit d’un appel à la justice et à la responsabilité, pour construire l’avenir de nos quartiers populaires.
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