Police de sécurité du quotidien : tout ça pour ça !
Publié le vendredi 9 février 2018
Depuis des mois, le Ministre de l’Intérieur a entretenu le suspense d’une grande réforme concernant la « police de sécurité du quotidien ». Après les annonces qu’il a faites hier, force est de constater que nous assistons en réalité au dénouement d’un bien mauvais polar.
Alors que les attentes et que les besoins sont nombreux sur ce sujet, les annonces du Ministre sont bien en deçà des enjeux. A part quelques annonces relatives à un « changement d’état d’esprit », et des réorganisations au sein de quelques commissariats dans seulement deux quartiers en Seine-Saint-Denis, on n’y trouve rien d’ambitieux ou de concret pour les habitants et habitantes du département.
Comment expliquer que des villes qui rencontrent des problématiques importantes sur ce sujet et qui ont candidaté n’aient pas été retenues ? Les villes de Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Stains, La Courneuve ou Aubervilliers – pour ne citer qu’elles -, n’ont elles pas aussi besoin d’une police renforcée ? Là encore, il s’agit d’un rendez vous manqué pour le gouvernement.
Quand on connaît la situation de la Seine-Saint-Denis, avec ses manques d’effectifs, ses difficultés sur le terrain, le renouvellement incessant et la jeunesse des équipes, les commissariats censés gérer des territoires beaucoup trop importants, il y avait pourtant de quoi faire des annonces d’ampleur.
Comme sous le gouvernement précédent avec les enseignants, nous avons besoin de mesures exceptionnelles là où les tensions sont les plus grandes et les besoins les plus nombreux : renforcement des effectifs, mesures d’attractivité pour les fonctionnaires de police (revalorisation des salaires, accès au logement facilité…).
Nombreux sont les chantiers, et je reste persuadé du fait qu’il n’est pas possible de faire mieux avec moins de moyens, surtout quand le gouvernement propose de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires avec notamment des plans de départs volontaires.
Je suis de ceux qui pensent que ce débat mérite un vrai travail de fond, avec des réponses dignes de ce nom pour les habitants et habitantes de Seine-Saint-Denis. J’ai toujours milité pour le retour d’une police de proximité renforcée, ce qui ne pourra se faire qu’avec des moyens conséquents.
Aujourd’hui, certains de nos agents publics sont en souffrance. Ils ne peuvent exercer dans de bonnes conditions, que ce soit dans la police ou dans la justice, comme en témoigne l’appel de la procureure du tribunal de Bobigny, inquiète des moyens mis à disposition en Seine-Saint-Denis.
Les échanges quotidiens entre les forces de l’ordre et les habitants de certains quartiers ne peuvent pas se limiter à des affrontements. Je suis également de ceux qui ne cesseront jamais de vouloir apaiser les tensions entre les forces de l’ordre et les habitants, souvent jeunes, en particulier dans notre département. J’en suis persuadé, le rôle de la puissance publique est de veiller à l’apaisement et de retisser des liens de confiance, et je ne me résous pas à une crise que l’on ne pourrait résoudre.
Pour rétablir la confiance entre les citoyens et la police, je continue de penser qu’il faut tester la création d’un récépissé de contrôle d’identité, pour éviter les contrôles abusifs. Bien sûr, il ne faut pas confondre le comportement de quelques policiers et l’ensemble des forces de l’ordre, néanmoins, dans notre département, de nombreux jeunes continuent de subir jusqu’à plusieurs contrôles par jour, uniquement basés sur le faciès. Ce n’est pas acceptable, et je trouve dommage que ce débat n’ait toujours pas eu lieu à l’Assemblée nationale.
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