Retrouvez mon intervention au 78ème Congrès du Parti Socialiste à Aubervilliers
Publié le samedi 7 avril 2018
C’est à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, que le Parti Socialiste a choisi de tenir son 78ème Congrès, avec Olivier Faure comme Premier secrétaire, et qui doit être celui de notre renaissance. En tant que Président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, je suis intervenu en ouverture du Congrès en prononçant le discours que je vous invite à retrouver ci-dessous et en images.
Bonjour à toutes et à tous,
Cher-e-s ami-e-s, cher-e-s camarades,
Quel plaisir de vous retrouver aujourd’hui à l’occasion de ce 78ème Congrès du Parti socialiste. Quel plaisir de vous retrouver ici, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Bien sûr, je le sais, nous n’allons pas manquer d’échanger sur les terribles difficultés que nous avons affrontées, mais nous devons surtout nous tourner vers l’avenir.
Permettez moi de saluer et de féliciter à mon tour notre nouveau premier secrétaire Olivier Faure. Olivier, tu as devant toi, et avec nous tous, un immense défi à relever pour faire renaître le PS. Ce Congrès d’Aubervilliers doit en être la première étape. Je veux saluer aussi Mathieu Monot, le premier secrétaire de la Fédération de Seine-Saint-Denis, avec qui je souhaite sincèrement que nous puissions écrire ensemble, tou-te-s ensemble, une nouvelle page de notre histoire dans ce département jeune et populaire.
Comment ne pas penser, ici à Aubervilliers, à cette belle histoire des socialistes, dont Jacques Salvator – et j’en profite pour saluer Evelyne Yonnet-Salvator – a été le militant, l’élu, et surtout le maire combatif, plaçant Aubervilliers dans un mouvement de modernité qui ne s’arrêtera plus ? Je veux saluer, avec eux, toutes les militantes et tous les militants d’Aubervilliers et de Seine-Saint-Denis, et vous toutes et tous venu.e.s de tous les coins de France.
Quel territoire plus symbolique pour la gauche que la Seine-Saint-Denis ? Des quartiers où tant de catégories populaires, tant d’origines, de cultures, de nationalités, de religions réelles ou supposées se conjuguent, avec des récits, des langues, des parcours qui donnent un incroyable bouillonnement culturel et une place si singulière dans notre pays.
Des quartiers non seulement cosmopolites mais également jeunes, avec un dynamisme que peut nous envier le reste du pays. J’ai l’habitude de le dire : la Seine-Saint-Denis, c’est la France de demain, et notre action au Département et dans les villes consiste aussi à ce que chacun s’en rende enfin compte. C’est ici que l’on construit l’avenir du Grand Paris, de l’Ile-de-France et du pays tout entier.
Des quartiers qui, rappelons-nous, nous ont tant fait confiance ! C’est ici qu’en 2012, après la Corrèze, on a le plus voté pour François Hollande. C’est ici que nous avions fait élire neuf députés, alors que nous n’en avons plus un seul aujourd’hui.
Alors, je dois vous dire que j’en ai assez d’entendre que le pays en ferait trop pour ses quartiers populaires : c’est un mensonge, je dirais même un mensonge d’État, répandu au plus haut niveau ! La « fronde » des élus des quartiers populaires dont la presse se fait l’écho ces derniers jours le montre ; il y a un véritable enjeu pour la société toute entière d’y répondre par des actes forts, le gouvernement ne fait qu’opposer de vains mots. Paroles, paroles… comme en amour, les quartiers populaires ont besoin de preuves d’amour.
Il y a urgence à ouvrir un nouveau chapitre de la politique de la ville, à obtenir l’égalité pour les habitant-e-s des quartiers populaires. Ce gouvernement ne peut se contenter de beaux discours. Nous avons besoin d’actes, de concret, et notamment d’un nouveau PNRU, pour mener à bien nos projets et continuer d’améliorer les conditions de vie dans nos banlieues.
Ah ça oui, j’étais ravi d’accueillir en février le président de la République pour parler Jeux olympiques et réforme territoriale. Sa communication est rodée, ses mots sont doux à nos oreilles ; j’aurais même pu tenir son discours sur la politique de la ville à Clichy-sous-Bois et je salue son maire mon ami Olivier Klein. Mais quand on regarde ce qu’il se passe, à force de coups répétés contre les quartiers populaires, le doute n’est plus permis.
Qu’est-ce que la méthode Macron ? Toujours la même ! C’est monter celles et ceux qui n’ont rien contre celles et ceux qui ont un peu, pour qu’on oublie de regarder celles et ceux qui ont déjà tout et à qui il donne encore et encore ! Ce sont ces associations de quartiers qui perdent leurs emplois aidés. Ce sont ces organismes HLM sacrifiés sur l’autel de la financiarisation du logement. Ce sont ces retraité-e-s modestes qui souffrent de l’augmentation de la CSG ; car oui, n’en déplaise à monsieur Macron, quand on gagne 1 200 euros par mois, on est un retraité modeste ! Ce sont enfin ces fonctionnaires et ces cheminots qu’ils tentent de faire passer pour des privilégiés, alors que sans eux, notre pays, historiquement, ne serait rien !
A ces mesures gouvernementales qui ouvrent un boulevard à l’idéologie libérale, nous devrons opposer un projet puissant. Les défis sont nombreux, mais je voudrais en citer trois. Ce que nous devons défendre en tant que socialistes, c’est tout d’abord la question écologique, qui n’est autre que la question du siècle. Nous qui avons accueilli la COP 21 au Bourget, nous savons qu’au-delà d’un accord signé avec succès, elle a permis une accélération de la prise de conscience en faveur de la transition énergétique.
C’est aussi dans les quartiers populaires que nous devons agir au plus vite pour la transition énergétique. Je n’apprendrai à personne que la question écologique est avant tout sociale. Au nord comme au sud, les plus modestes, les plus fragiles sont toujours les premières victimes de la pollution et de la précarité énergétique. La nouvelle frontière sociale est écologique, et je veux saluer ici le combat mené par Anne Hidalgo, avec la piétonnisation des voies sur berge.
Ce que nous devons défendre, c’est aussi, bien sûr, encore et toujours l’égalité. L’explosion des inégalités atteint aujourd’hui des niveaux insupportables. Et s’il y a bien un territoire où nous savons ce que ce mot signifie, c’est celui de la Seine-Saint-Denis. Tous les jours, avec les maires, avec nos camarades militant-e-s, nous nous engageons pour passer de l’égalité de droit à l’égalité de fait. Nous menons ce combat contre les discriminations qui touchent nos habitants, en premier lieu notre jeunesse.
Enfin, nous devons apporter des réponses à la hauteur des défis démographiques et migratoires qui vont bouleverser les équilibres mondiaux, comme on le voit déjà avec l’accueil des réfugié-e-s. En Seine-Saint-Denis, département qui accueille une large partie de cette population réfugiée, composée notamment de mineur-e-s non-accompagné-e-s, tous les jours nous sommes confronté-e-s à des situations dramatiques. Nous devons fournir un accueil digne à celles et ceux qui frappent à notre porte, mais aussi leur permettre d’apprendre le français et de travailler, afin de s’intégrer.
Si j’ai beaucoup parlé projet, nous ne pouvons séparer le fond de la forme. Pour prouver que nous ne sommes pas un parti « peau de chagrin », un parti « rabougri », qui pourrait se satisfaire « d’avoir coupé les deux bouts de l’omelette », nous devons, comme à tous les moments où nous avons affronté les pires difficultés de notre histoire, nous devons à nouveau nous dépasser, prendre tous les risques comme le disait ce matin Olivier dans une interview. Il n’y aura pas « mécaniquement » de beau temps après l’orage si nous n’en sommes pas capables. Nous devons d’abord nous refonder nous-mêmes mais nous devrons aussi nous ouvrir, nous tourner vers les autres, y compris, j’assume de le dire, vers ceux qui nous ont quittés. Car la gauche ne gagne jamais que quand elle est unie. La société regorge de femmes et d’hommes engagés, qui innovent, créent, cherchent, entreprennent, qui imaginent la société de demain dans tous les domaines.
Ces femmes et ces hommes doivent pouvoir se dire dans un an, dans deux ans, dans trois ans… Ils doivent pouvoir se dire à nouveau « c’est dans ce nouveau Parti socialiste que ça se passe, c’est ici que nos projets locaux, nos idées aujourd’hui minoritaires, nos expérimentations, nos intérêts légitimes, pourront devenir le cœur d’un nouveau projet de transformation de la société ».
C’est comme cela que le Parti Socialiste redeviendra ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un grand Parti de progrès, qui parvienne à améliorer concrètement, par l’exercice des responsabilités, la vie des plus modestes, et entraîne avec lui toutes les forces de gauche.
Alors pour cela, il est temps de défendre nos valeurs et de faire souffler de nouveau le vent des idées progressistes, un vent d’optimisme et d’espoir pour une gauche moderne, innovante, créative.
Il y a quelques jours à peine, c’était les 50 ans de la mort de Martin Luther King, assassiné alors qu’il allait soutenir une manifestation d’éboueurs exposés à des produits toxiques parce qu’Afro-Américain-e-s. A croire que, quelles que soient les époques, les droits démocratiques, citoyens, écologiques et sociaux sont toujours liés.
Alors, ne désespérons pas, croyons en nous, prenons un temps d’avance. Partout dans le monde, les peuples cherchent un autre chemin que celui de la déréglementation, du libéralisme financier et du nationalisme. Arrêtons de nous regarder le nombril. Soyons audacieux.
C’est comme ça qu’à l’issue de ce congrès d’Aubervilliers, nos concitoyens pourront se dire : les Socialistes sont de retour. Alors au travail, et bon Congrès en Seine-Saint-Denis !
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