Démission de Nicolas Hulot : l’urgence écologique est indissociable de l’urgence sociale
Publié le mardi 28 août 2018
Émotion aujourd’hui à l’écoute de la matinale d’Inter. La démission de Nicolas Hulot est un acte courageux et, je le crois, sincère. Un an et demi durant, il a essayé, par la « politique des petits pas », d’obtenir des avancées en matière écologique, avec quelques victoires comme l’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.
Mais les petits pas ne sont pas de taille face à l’urgence écologique. Recul sur l’interdiction du glyphosate, plan fantoche pour protéger la biodiversité, absence de financements pour la rénovation énergétique des 500 000 logements (dont la moitié est occupée par des ménages aux revenus modestes), refus de mettre fin au Ceta, accord de libre-échange avec le Canada avec des normes au rabais (notamment environnementales)… Au niveau international, ce n’est pas mieux. De grands pays se désengagent de l’Accord de Paris, et parmi les climatologues le discours alarmiste est devenu la norme, quand il y a quelques années encore il était présenté comme marginal.
Cette démission courageuse n’a pas empêché Nicolas Hulot de souhaiter une pleine réussite au gouvernement dans la mise en œuvre de ses politiques. Mais il est impossible d’attendre quoi que ce soit de positif d’un gouvernement libéral qui, non content de négliger, dans les faits, l’écologie, sacrifie également le social et creuse les inégalités.
Nous le savons, écologie et social sont intrinsèquement liés, car c’est en améliorant les conditions de vie des citoyens, à commencer par les plus fragiles et les plus pauvres, qu’on améliore la qualité des logements, qu’on crée davantage d’espaces verts, qu’on lutte contre la pollution. La démission fracassante de Nicolas Hulot rappelle cruellement que le libéralisme à tout crin et écologie ne font pas bon ménage.
L’incident à l’origine de sa démission – la goutte d’eau, comme on dit – est symptomatique de ce qui ne va pas aujourd’hui avec ce gouvernement. La présence, non annoncée, d’un lobbyiste pro-chasse à une réunion de travail à l’Élysée, témoigne d’un accès toujours privilégié des représentants d’intérêts privés aux plus hautes instances de l’État. Pour un candidat qui prônait la probité et la transparence tout le long de sa campagne, et après son arrivée au pouvoir, il y a là une forte ironie.
Une chose est certaine : le « greenwashing » à la sauce Macron n’est pas à la hauteur du changement du modèle économique et social qu’imposent dès maintenant les dérèglements écologiques.
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