Ouverture de la PMA pour toutes : où il est question d’égalité, de droits des femmes, mais aussi d’amour !
Publié le lundi 30 septembre 2019
Alors que l’article un du projet de Loi de bioéthique a été adopté à l’Assemblée nationale vendredi dernier, je veux rappeler combien l’accès à la PMA pour toutes les femmes est d’abord une formidable victoire pour l’égalité.
Il s’agit bien d’égalité, car qu’est-ce qui justifie, aujourd’hui, alors que la PMA est autorisée pour les couples hétérosexuels ne pouvant pas avoir d’enfant, que les couples de femme ou les femmes seules ne puissent y accéder ?
Aujourd’hui, les familles composées d’une mère et d’enfants représentent environ 85 % de l’ensemble des familles monoparentales ; quant aux familles homoparentales, elles sont à 80 % des couples de femmes1. Refuser l’accès de la PMA à toutes les femmes revenait alors à affirmer la suprématie de la norme du couple hétérosexuel, constituant ainsi une rupture d’égalité évidente.
S’il fallu tant de temps pour ouvrir la PMA aux femmes célibataires ou lesbiennes, c’est aussi parce qu’il a fallu s’attaquer à l’épineuse question de la filiation. Pendant des millénaires, la société s’est assurée que la seule filiation reconnue soit celle qui incluait un homme. C’est donc bien le modèle patriarcal de la société que l’ouverture de la PMA pour toutes remet en cause. En cela, l’adoption de l’article un du projet de loi est une avancée notable pour les droits des femmes. Contrôle sur la grossesse, contrôle sur la progéniture, comme auparavant le contrôle sur le compte au banque ou sur la faculté à travailler, finalement tout est une histoire de contrôle auquel il appartient pour notre société de renoncer, si nous voulons continuer de tendre vers une société de l’égalité.
C’est non seulement une question d’égalité pour les femmes, mais en plus une manière de démystifier le fantasme de la « vérité biologique » au nom de laquelle les rétrogrades refusent d’accepter l’évolution de la cellule familiale et celle de la société toute entière. Et pourtant cet argument apparaît à n’importe quel.le observateur.rice bien faible, tant dans l’humanité tout est culturel et social.
L’ethnologue, anthropologue et féministe Françoise Héritier, soutien de l’ouverture de la PMA et du mariage pour tou.te.s, écrivait ainsi : « Rien de ce que nous faisons ou pensons, systèmes de vie, d’attitude et de comportement, n’est issu directement de lois naturelles. Tout passe par un filtre mental, cérébral et idéel, produit d’une réflexion collective qui prend forme à un moment de notre histoire, évolue et peut encore évoluer (…). Rien de ce qui nous paraît naturel n’est naturel. » J’en profite pour souligner que je suis particulièrement fier qu’un nouveau collège, à Noisy-le–Sec en Seine-Saint-Denis, porte le nom de cette grande intellectuelle et militante depuis cette rentrée scolaire.
Concernant la PMA, le débat est donc éminemment politique, mais pas seulement. Nous savons aussi, au sein de notre espèce humaine pétrie de constructions sociales et culturelles, qu’un enfant élevé par un être, ou deux êtres, fussent-ils du même sexe, s’il est aimé, entouré d’attention, s’il se sent en sécurité, grandira et s’épanouira dans de bonnes conditions.
Finalement, avec ce débat, il est question d’égalité, il est question de droits des femmes, mais il est aussi et avant tout question d’amour.
1 Selon l’enquête « Famille et logements » de l’INSEE en 2011
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