« Gouverner, c’est d’abord loger son peuple » : Plaidoyer pour une politique du logement en faveur des plus modestes
Publié le mardi 1 octobre 2019
Le Congrès de l’Union Sociale de l’Habitat (USH) se termine à peine que nous enchaînons ce mardi avec la Journée du « Logement d’abord » à Aubervilliers, dispositif gouvernemental visant à fournir un logement à des personnes en situation de précarité afin de les accompagner dans une démarche de réinsertion. C’est peu de dire que la question du logement, en Île-de-France, et tout particulièrement en Seine-Saint-Denis, est centrale.
L’Ile-de-France, et plus spécifiquement l’agglomération parisienne, font figure d’anomalie sur le marché du logement. Cette région incarne à l’excès une situation où le foncier et le logement sont tous deux rares et chers, alimentant les inégalités entre générations, entre propriétaires et locataires, entre bénéficiaires de logement sociaux et personnes en errance.
Et pendant ce temps là, trop de foyers attendent encore un logement, un relogement ou une rénovation de leur logement, non seulement en région parisienne, mais aussi dans un grand nombre de métropoles françaises et européennes. Partout, on se pose la même question : comment offrir un logement, digne et à prix abordable, aux classes populaires, premières victimes de ce qu’il convient d’appeler la crise du logement ?
Année après année, la Fondation Abbé Pierre nous force à constater des chiffres d’une ampleur catastrophique : 4 millions de personnes sont actuellement en situation de mal-logement. Et au-delà de ces 4 millions, la Fondation indique que 12 millions de personnes sont « fragilisées par rapport au logement ». Le nombre de personnes sans domicile a, quant à lui, augmenté de 50% entre 2001 et 2012.
En Seine-Saint-Denis, où la crise économique et sociale a frappé et continue de frapper très durement, nous ne connaissons que trop bien la problématique du mal-logement. Dans notre département, 29% des gens vivent sous le seuil de pauvreté. Un ménage expulsé de son logement sur quatre habite en Seine-Saint-Denis. Chaque jour, 9000 personnes sont logées à l’hôtel par le 115–93. Ces dispositifs sont en saturation aujourd’hui ; même les publics les plus fragiles, comme les femmes sortant de maternité, ne peuvent être pris en charge de manière systématique.
Pour inverser cette tendance dramatique, il est absolument indispensable que la puissance publique revienne dans le jeu. Au travers des aides à la pierre, d’un renforcement des aides individuelles, et d’un renforcement du rôle du parc locatif social, filet de sécurité qui nous protège et assure notre prospérité collective.
Le Département de la Seine-Saint-Denis, du fait de l’urgence de la situation, poursuit son combat contre le mal-logement et le sans-abrisme. Or, malgré quelques dispositifs louables comme celui – évoqué en introduction – du Logement d’abord, force est de constater que la politique du gouvernement vis-à-vis des organismes HLM semble avoir pour unique but de déstabiliser un secteur pourtant d’utilité publique.
Ceci alors qu’au contraire, il faudrait nous donner les moyens de construire et d’entretenir le parc social. Qu’on se le dise : nous avons besoin d’une ambition forte, qui mobilise l’ensemble des actrices et des acteurs, au service des plus mal loti.e.s. Cette ambition, il n’y en a pas de plus belle ni de plus humble aujourd’hui. Comme le disait l’Abbé Pierre en son temps, « gouverner, c’est d’abord loger son peuple ».
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