Baccalauréat, épreuves continues, Parcoursup : pour les élèves de la Seine-Saint-Denis, la double peine de la discrimination territoriale
Publié le vendredi 7 février 2020
Face aux dangers d’une réforme du baccalauréat mal préparée, les lycéen.ne.s, les parents d’élèves et les enseignant.e.s se mobilisent. En Seine-Saint-Denis, cette semaine a été marquée par des mouvements dans une vingtaine de lycées. Ceci témoigne des inquiétudes suscitées par la réforme, en particulier sur notre territoire.
Depuis la rentrée 2019, la réforme du baccalauréat s’applique aux élèves de seconde. Les épreuves communes de contrôle continu, connues sous l’acronyme E3C, sont censées se dérouler en ce moment-même et portent sur l’histoire-géographie, les langues vivantes et les mathématiques. Chaque lycée doit les organiser selon ses propres modalités, à des dates différentes.
L’organisation de ces épreuves révèle les difficultés au grand jour. Au delà des difficultés d’organisation réelles auxquelles sont confrontées les lycées, il y a toutes les questions de fond que cette réforme largement critiquée soulève.
Rappelons-en les principes de base : restreindre le nombre d’épreuves « finales » passées en terminale et donner plus de place au « contrôle continu » et aux épreuves communes organisées localement. La note globale du baccalauréat est ainsi désormais de 70% en examen final et de 30% pour le reste.
Mais, contrairement aux épreuves nationales et anonymes qui garantissent l’égalité de traitement entre élèves, le contrôle continu mis en place par cette réforme est différent d’un établissement à l’autre.
Le risque est donc que le baccalauréat n’ait pas la même valeur partout.
Pourtant le principe du contrôle continu n’est pas mauvais en soi. D’autres solutions existaient pour le mettre en place : plusieurs épreuves nationales en première ou en terminale par exemple. Mais cela ne peut se faire à budget constant, encore moins en baisse.
Car la réforme du bac s’accompagne également d’une baisse des moyens. Les lycées, en particulier dans les quartiers populaires, sont en difficulté pour offrir toutes les options de cours possibles, proposer les heures de cours nécessaires, voire même, tout simplement, pour organiser les épreuves locales.
Déjà, la réforme de Parcoursup a donné la possibilité aux universités d’avoir recours à des algorithmes opaques pour les dossiers des candidates et des candidats, et donc potentiellement de choisir en fonction de leur provenance géographique.
Parcoursup, la réforme du bac et les E3C, pour les jeunes de la Seine-Saint-Denis, c’est bel et bien la double peine en matière de discrimination territoriale : un bac qui « vaut » moins car on a moins de moyens pour l’organiser, et un accès aux études supérieures encore davantage complexifié pour celles et ceux qui auraient en réalité besoin d’être aidé.e.s.
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