Entrée de Joséphine Baker au Panthéon : « Aux grands humains, la Patrie reconnaissante » !

Et ce ne sont pas les trente-cinq élèves de troisième du collège Joséphine Baker à Saint-Ouen qui diront le contraire. Tout à l’heure, elles et ils seront rue Soufflot pour l’hommage à cette grande dame, après avoir passé plusieurs mois à étudier sa vie et ses chansons.

Si ce collège – entièrement rénové par le Département il y a quelques années – porte le nom de Joséphine Baker, tout comme la crèche départementale que nous avons inaugurée vendredi à Bagnolet, ou bien encore une école de La Courneuve, c’est parce qu’en Seine-Saint-Denis nous portons une politique très volontariste de visibilisation des femmes dans l’espace public. A chaque nouvel équipement départemental, créé ou rénové, accueillant du public, nous donnons un nom de femme avec un parcours particulièrement remarquable.

Il reste un long chemin à faire. En France, en effet, seulement 2 % des rues portent le nom d’une femme. Au Panthéon, cette inégalité est flagrante : Joséphine Baker ne sera que la sixième femme à y être inhumée, alors que quatre-vingt « grands hommes » y reposent déjà. Le chemin est encore long et il faut passer à la vitesse supérieure, pour que dans le quotidien des unes et des autres, la visibilisation des femmes devienne réalité.

La visibilisation, ici au Panthéon, ne produit pas que du symbole. La preuve est ce qui s’en suit, comme les actions actions pédagogiques auprès des collégiennes et des collégiens de Saint-Ouen qui en parlent si bien : « Je pensais que ce n’était qu’une artiste d’abord, puis après j’ai appris qu’elle avait été dans la résistance et qu’elle a fait d’autres choses incroyables… En plus, c’est la première femme noire [à entrer au Panthéon] Ca montre que les mentalités changent, qu’on est dans une nouvelle ère, et maintenant on doit continuer dans cette voie-là. »

C’est à lire ce genre de réflexions qu’on constate qu’une partie du chemin a été faite : quand la jeunesse de notre pays réalise qu’un grand nombre de femmes, dont on n’a que trop parlé, ont eu et continuent d’avoir des parcours remarquables, et qu’elles peuvent aussi être issues de la diversité, on ne peut qu’y voir une victoire.

Le combat suivant : faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon. Cette grande avocate, figure de la lutte féministe et antiraciste, qui s’est illustrée contre les violences sexuelles et pour la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie, constitue une autre facette de notre histoire de France. C’est, je le pense, le rôle qui doit être le nôtre : reconnaître les femmes dans toute la diversité de leur(s) engagement(s).

En y faisant entrer Joséphine Baker, un jour Gisèle Halimi, et j’espère un jour des dizaines d’autres femmes, sur le fronton du Panthéon, plutôt que la très connue devise « Aux grands hommes  », il devrait donc être écrit :

« Aux grands humains, la patrie reconnaissante  ».