Massacre à Gaza : la France doit agir
Publié le mercredi 29 mai 2024
Une frappe israélienne a touché un camp de réfugiés à Rafah dans la nuit de dimanche à lundi, faisant au moins 45 morts et près de 250 blessés. Les images de ce carnage sont insoutenables. La folie guerrière de Netanyahu doit cesser. Il est urgent de protéger les populations et de mettre un terme à cet enfer. Le risque génocidaire reconnu par la Cour internationale de justice en janvier dernier est en train de se matérialiser sous nos yeux.
Les mots de condamnation ne suffisent pas : la France doit agir pour faire pression sur le gouvernement d’extrême-droite israélien et imposer un cessez-le-feu immédiat. Tout en continuant à réclamer la libération des otages, elle doit :
– Comme l’ont fait l’Espagne du Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sanchez, l’Irlande ou la Norvège, reconnaître l’Etat de Palestine pour redonner des perspectives politiques au peuple palestinien
– Appeler à des sanctions fortes, comme la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël
– Arrêter immédiatement toute livraison d’armes ou de composants d’armes
– Agir pour que Benyamin Netanyahou réponde de ses crimes devant la justice internationale, tout comme les responsables du Hamas pour l’attaque du 7 octobre
– Tout mettre en oeuvre pour apporter l’aide humanitaire et médicale à la population de Gaza.
Le 15 mars dernier, lors d’un évènement de soutien au peuple palestinien à Bobigny, aux côtés de l’Ambassadrice de Palestine en France, Madame Hala Abou-Assira, j’évoquais déjà l’urgence absolue à agir et j’annonçais un soutien financier apporté par le Département de la Seine-Saint-Denis pour les populations civiles de Gaza. Je vous invite à retrouver l’intégralité de ce discours ci-dessous :
« Madame l’Ambassadrice,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec gravité, solennité, mais aussi détermination que nous sommes réunis aujourd’hui pour témoigner de notre solidarité au peuple palestinien, qui vit aujourd’hui un enfer, une situation effroyable, proprement inhumaine à Gaza.
Je veux tout d’abord remercier les organisateurs de cet évènement, le réseau de coopération décentralisée pour la Palestine, la ville de Bobigny, et toutes les communes mobilisées. Cette « fête des lanternes » est traditionnellement organisée chaque année, au début du Ramadan, au centre social et culturel d’Al Bustan à Jérusalem-Est, je veux ici le saluer chaleureusement.
J’en profite pour souhaiter un bon ramadan à nos concitoyennes et concitoyens de confession musulmane qui observeront ce mois de jeûne et de recueil spirituel.
L’esprit du mois de Ramadan, c’est aussi la solidarité, l’attention à son prochain, le souci de l’autre. J’espère que les lanternes que nous allumerons ce soir seront quelques lueurs de chaleur, de réconfort, de soutien apportées au peuple palestinien dans la nuit noire, tissée de souffrances, qui l’enveloppe aujourd’hui.
Ces quelques lueurs sont là pour dire : nous ne vous oublions pas, nous vous soutenons, nous nous battons ici pour mettre la lumière sur votre désespoir.
Oui, ces quelques lueurs sont là pour dire : malgré l’indignation à géométrie variable, malgré la froide indifférence qui peut s’exprimer à l’endroit du sort des Palestiniens, il y a ici en France, patrie des droits de l’Homme, des personnes qui restent fidèles à son message universel et s’élèvent avec force contre la tragédie qui se déroule sous nos yeux à Gaza.
Oui, c’est une page tragique de l’humanité qui s’écrit en ce moment même.
Il y a les chiffres, vertigineux, qui glacent le sang : 30 000 morts, dont plus de 5000 enfants. Plus d’enfants ont été tués en 4 mois à Gaza qu’en 4 ans de conflits à travers le monde ! Sans oublier l’intolérable cortège des 70 000 blessés, des amputés, des personnes qui porteront toute leur vie dans leur chair cette guerre atroce (au 28 mai 2024, le bilan est de 36 050 personnes tuées, dont plus de 14 100 enfants et 9 000 femmes, et plus de 81 000 personnes blessées).
Derrière ces chiffres il y a des noms, des visages, des rêves d’enfants brisés, des chagrins de mères inconsolables, des vies à jamais anéanties.
Derrière ces chiffres, il y a aussi la faim, la mort par manque de soins, des familles entières décimées. Et je veux ici exprimer mes condoléances à vous Madame l’Ambassadrice, puisque je sais que beaucoup de membres de votre famille ont été tués. Je veux saluer votre courage, votre force, votre ténacité à faire entendre ici la voix du peuple palestinien face aux tentatives de l’étouffer.
Car, au-delà des morts, insupportables, il y a aussi les destructions, et ce qu’il faut bien appeler une volonté d’effacement de la présence palestinienne à Gaza, en Cisjordanie, par le gouvernement d’extrême droite et suprématiste de Netanyahou.
En Cisjordanie, où se trouvent nos territoires de coopération – Jenine, Tulkarem et Qalqilya -, c’est la colonisation qui s’intensifie, avec son lot quotidien d’expropriations, d’humiliations et aussi de meurtres, avec 200 palestiniens tués depuis le 7 octobre, dont 83 enfants.
A Gaza, c’est près de la moitié des bâtiments qui ont été détruits, réduits en poussière. Même les cimetières ne sont pas épargnés. Oui, des bombes aujourd’hui viennent déterrer les corps récemment mis en terre.
Mais, face à l’antique et brutale loi du talion, notre devoir moral est d’y opposer ce qui fonde notre civilisation, notre commune humanité : c’est le respect de toute vie humaine, c’est la compassion pour la souffrance de l’autre d’où qu’il vienne !
C’est ce respect de toute vie humaine qui nous pousse à condamner les atrocités commises lors des attaques terroristes du Hamas le 7 octobre.
Et c’est ce même respect de toute vie humaine qui doit nous exhorter à dire fermement « non », non à la folie meurtrière et expansionniste du gouvernement de Netanyahou. Car, comme le reconnait la Cour internationale de Justice, le risque génocidaire est là quand des frappes touchent principalement les civils, les femmes et les enfants, quand la famine est provoquée par le blocus, quand 1 million et 400 000 personnes sont déplacées de force, quand des mots terribles sont employés par des membres du gouvernement de M. Netanyahu pour qualifier les Palestiniens.
Alors, nous devons enfin agir pour empêcher de sombrer dans ce que l’humanité a de plus terrible.
Agir pour un cessez-le-feu immédiat. Agir très vite, pour apporter toute l’aide humanitaire nécessaire à Gaza et stopper les déplacements de populations.
Agir pour ne pas être les complices d’un gouvernement israélien criminel, en arrêtant de lui vendre des armes ou des composants d’armes.
Agir pour exiger l’arrêt de la colonisation illégale en Cisjordanie et le respect des résolutions onusiennes. Agir pour que Benyamin Netanyahou réponde de ses crimes devant la justice internationale.
Enfin agir pour restaurer une perspective de paix. La situation est telle qu’aujourd’hui les deux parties ne peuvent parvenir à la paix par elles-mêmes. Le rôle de la communauté internationale est, dans ce contexte, primordial : elle doit se mobiliser et créer des conditions favorables à la négociation.
Cela veut dire aussi redonner un horizon politique au peuple palestinien. Car il ne pourra y avoir de paix juste et durable, de sécurité pour les deux peuples sur cette même terre, tant que règnera la désespérance chez les Palestiniens.
A son humble niveau, le Département de la Seine-Saint-Denis essaie d’apporter sa pierre : nous allons apporter un financement de 15 000 euros au Fonds de solidarité pour les populations civiles de Gaza, mis en place par le Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine et Cités unis de France.
J’aimerais terminer sur une note d’espoir et de paix.
Je parlais d’une volonté d’effacement du peuple palestinien. Mais si des vies peuvent être arrachées, si des bâtiments peuvent être rasés, si des cimetières peuvent être retournés, la poésie, elle, ne peut être effacée. Et la poésie, l’art, c’est aussi ce qui nous relie, nous unit le plus puissamment dans une humanité commune. Alors, permettez-moi de citer ces quelques vers de l’immense poète palestinien, Mahmoud Darwish, tirés de son recueil, « Etat de siège » :
« Vous, qui vous tenez sur les seuils, entrez
Et prenez avec nous le café arabe.
Vous pourriez vous sentir des humains, comme nous.
Vous, qui vous tenez sur les seuils,
Sortez de nos matins
Et nous serons rassurés d’être comme vous,
Des humains ! »
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