« Nos institutions sont illisibles » : mon interview pour Le Figaro
Publié le vendredi 18 mars 2016
INTERVIEW – Stéphane Troussel (PS) est président de la Seine-Saint-Denis, l’un des nombreux départements asphyxiés financièrement par les dépenses sociales non compensées par l’État.
LE FIGARO. – Quelles difficultés principales rencontrez-vous?
Stéphane TROUSSEL. – Si les départements comme le mien sont dans une situation difficile depuis plusieurs années, c’est principalement dû à la prise en charge des allocations individuelles de solidarité, surtout le RSA. En Seine-Saint-Denis, on a dépassé le cap des 100.000 allocataires. Depuis les transferts de la gestion du RSA de l’État vers les départements, en 2004, l’État n’a pas compensé l’équivalent d’une année budgétaire de la Seine-Saint-Denis.
Comment avez-vous fait pour boucler votre budget cette année?
J’avais annoncé la couleur: j’ai décidé que je n’inscrirais pas un euro de plus à mon budget. Sur le RSA, le budget 2016 est égal à celui de 2015, soit 445 millions d’euros. On continue de faire des efforts. Les charges à caractère général ont ainsi diminué de 20 % depuis 2008. Le budget de la communication du conseil départemental a été réduit de 50%. Il n’y a plus de cérémonie des vœux et nous avons réduit le financement aux communes. Pour la première fois depuis trois ans, nous avons augmenté les impôts, dans des proportions toutefois limitées par rapport à d’autres départements: 9,5 %.
Faut-il « entrer en guerre avec l’État », comme a menacé de le faire Dominique Bussereau?
L’expression est inadaptée. Le gouvernement admet le problème, alors qu’entre 2004 et 2012 la droite l’a nié. Pour la première fois, un gouvernement recentralise le financement du RSA, c’est une bonne chose.
Les départements ont-ils un avenir?
Si leur situation financière est sauvée, la donne changera sur les débats institutionnels. Pour refonder nos institutions, il faut des projets validés par les électeurs. Le pays a développé l’intercommunalité sans jamais que ces nouvelles institutions soient validées par le suffrage universel. Nos institutions sont complexes et illisibles et cela participe à cette crise démocratique.
Interview publiée sur Le Figaro
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