Européennes 2019 : à gauche, tout reste à construire
Publié le lundi 27 mai 2019
Alors que nous connaissons désormais les résultats quasi définitifs pour ces élections européennes, voici ce que m’inspire une première analyse.
D’abord, Emmanuel Macron fait payer à la France au prix fort sa volonté de réduire la vie politique à un duel entre le libéralisme de droite bon teint et l’extrême droite rebaptisée « populiste ». En se plaçant en première ligne comme rarement un président de la République avant lui, mettant tout le poids que lui donnent les institutions de la Cinquième dans la campagne, il essuie un désaveu politique et personnel évident. Il a définitivement siphonné la plus grande partie de la droite républicaine, séduite par une politique qu’elle rêvait de mener depuis des années, mais cela ne suffit pas. Il devra tirer les conséquences de cette défaite politique cinglante dans le premier scrutin de son quinquennat.
Difficile néanmoins pour celles et ceux qui combattent sa politique de s’en réjouir, quand cela profite à une extrême droite toujours aussi forte, qui confirme son score des précédents scrutins. Même si cela n’est pas nouveau, et que son score était déjà peu ou prou le même en 2014, le problème est précisément que cela devient une habitude.
La gauche paie, chronique d’une défaite annoncée, son éparpillement le plus extrême. Si EELV surnage un peu dans des élections qui ont toujours été son scrutin fétiche et dans un contexte d’urgence écologique plus forte que jamais, les autres forces de gauche parviennent à grand peine à survivre.
Cette gauche boutiquière, incapable de dépasser les étiquettes et les égos, ne sera bientôt plus qu’une gauche de témoignage si elle continue dans cette logique de chapelles incompréhensible pour les Françaises et les Français. Le Parti Socialiste avait fait le pari, vraiment risqué, parfois moqué, assurément courageux, de faire un premier pas vers ce rassemblement impossible, y compris en renonçant à une tête de liste. C’est le seul à avoir mis en acte les belles paroles sur le rassemblement. En s’alliant à Place Publique, nous avons posé une première pierre : c’était un choix de responsabilité, au moins aura-t-il permis de conserver des député.es socialistes, ce qui n’avait rien d’évident il y a encore quelques semaines. Je tiens à saluer la campagne menée par Olivier Faure et toutes les militantes et les militants socialistes aux côtés de Raphaël Glucksmann dans un contexte aussi difficile.
Tout reste donc à construire. Car la gauche et les écologistes, uni.es et rassemblé.es en Seine-Saint-Denis, seraient largement majoritaires. Elle serait capable de devancer très largement LREM et le Rassemblement national de Marine Le Pen. Par ailleurs, si l’extrême droite reste à un niveau élevé en Seine-Saint-Denis, nous avons la consolation de voir qu’elle régresse par rapport à son score de 2014. Autant d’éléments qui invite toutes les forces politiques de gauche en présence à l’humilité et à l’introspection. Uni.es, la gauche et les écologistes peuvent vaincre, et les résultats de ces élections européennes montrent plus que jamais l’urgence de nous mettre toutes et tous, enfin, autour de la table.
Le chemin semble pourtant tellement évident qu’on peine à comprendre ce qui le rend si difficile : la construction d’une alternative sociale et écologique est le seul horizon possible pour la gauche et les écologistes rassemblé.es. Alors que la reconstruction s’annonce longue, que les vents nous sont si contraires, nous devons nous armer de volonté, de conviction et de patience pour promouvoir une Europe et une France plus juste, plus solidaire et plus démocratique. La hausse de la participation, petite lueur d’espoir, doit nous inciter à résister et à nous battre pour ces valeurs.
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